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Après les affrontements entre militaires du 33e RCP (régiment de commandos parachutistes) et ceux du camp Soundiata de Kati, appuyés par les autres forces, des milieux proches de la junte ont aussitôt pointé du doigt, le Président Amadou Toumani Touré, accusé d’avoir monté et financé une « entreprise de déstabilisation des institutions ».

Depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier, l’on entend (à Bamako), toutes sortes d’accusations portées contre l’ancien chef d’Etat. Et du coup, tout est entrepris au sein de l’opinion pour ternir son image. Ainsi, les malheureux affrontements de la semaine dernière ont donné l’occasion aux détracteurs d’ATT de revenir à la charge. Pour eux, l’action des bérets rouges du 33e régiment des commandos parachutistes auraient été organisés et fiancés par ATT. Celui-ci aurait chargé le colonel Abidine Guindo de recruter des mercenaires qui seraient venus de pays voisins.

Cette version des faits qui est pour l’instant loin d’être officielle, est véhiculée dans la capitale. En effet, si les autorités de la transition ne donnent aucune explication, l’opinion bamakoise (friande de rumeurs), est à la merci des ragots. Pour l’instant, les auteurs de telles accusations à l’encontre de l’ancien chef de l’Etat n’apportent aucune preuve quant à son implication directe ou indirecte. L’action de l’ancienne garde présidentielle (les bérets rouges) est surtout révélatrice de certaines rivalités internes au sein des forces armées et de sécurité. Des rivalités qui se sont exacerbées depuis le coup d’Etat du 22 mars.

Cependant, en l’absence de toute explication officielle sur les véritables raisons de ces affrontements, il faut s’abstenir de porter des accusations à l’adresse d’un homme qui, pendant plus de deux décennies, a consacré tout son temps et toute son énergie à ce pays. Pour quel intérêt, Amadou Toumani Touré, entreprendrait-il aujourd’hui de détruire son pays ? En attendant une réponse, le Mali offre actuellement des images peu reluisantes, voire humiliantes. Notre pays donne surtout l’image d’une nation peu reconnaissante à l’égard de ses anciens dirigeants. En 1968, après le coup d’Etat militaire qui a renversé le père de l’indépendance, Modibo Keita, celui-ci et ses compagnons ont été trainés dans la boue et accusés de tous les péchés. Mais ils furent réhabilités par l’histoire.

Après la révolution de 1991, Moussa Traoré a connu les mêmes déboires. Aujourd’hui, il vit paisiblement au milieu des siens.

Le Président Alpha Oumar Konaré, lorsqu’il quittait le pouvoir en 2002, était au centre de toutes les accusations. Mais il s’en est sorti indemne.

Actuellement le comble est que certains font croire que tous les malheurs de ce pays viennent d’ATT. Et de lui tout seul. Du coup, l’on ne parle plus de tout ce qu’il a fait pour le Mali. Mais était-il seul à gérer le pays ? Où sont actuellement tous ceux qui gravitaient autour de lui pendant les 10 ans de son mandat ? Pour l’instant, les autorités de la transition et les responsables de la junte ont pour urgence de réconcilier les Maliens.

Ils ont pour obligation de reconstruire et de réconcilier l’armée afin qu’elle puisse se consacrer à la défense du pays qui passe par la reconquête des régions du nord. Les Maliens de tous bords ont quant à eux, le devoir de sauver ce pays au lieu de se livrer à des querelles qui ne servent ni le pays, ni eux mêmes. Et la grande majorité des Maliens, ceux de l’intérieur, n’ont qu’une seule aspiration, la paix.

C.H. Sylla

L’Aube du 7 Mai 2012