Partager

A quelques deux semaines du 1er tour de l’élection présidentielle du 29 avril prochain, si on n’y prend garde, une banale affaire d’affiches de candidats sur les supports publicitaires de la capitale risque de gâcher la grande fête de la démocratie attendue avec impatience par tous les démocrates maliens.

En effet, depuis quelques jours, une agence de communication de la place appelée « 2e Consulting » s’adonne à une vaste opération de désaffichage systématique des posters du candidat Tiébilé Dramé qui se trouvent sur les lampadaires du Pont Fahd et ceux de l’Avenue de l’Indépendance.

Le parti du Bélier blanc, quant à lui, est déterminé à continuer à afficher les posters de son candidat tant que cette situation perdure.
C’est là un bras de fer qui ne présage rien de bon surtout en période électorale. D’ailleurs, la tension est déjà montée d’un cran entre les deux camps.


Pourquoi ce brusque regain de tension ?

Tout est parti de la volonté de chacun des candidats en cette lice de faire le maximum d’affichages sur les principaux supports publicitaires de la capitale.
Dans un souci de justice et d’équité, l’Agence Malienne de Publicité (AMAP) qui gère les différents panneaux publicitaires du Mali a mis à la disposition des candidats treize panneaux payants pour chacun d’eux.

Le Parena, pensant alors que c’était quartier libre pour les espaces restants a procédé aux affichages des posters du candidat Tiébilé Dramé sur les lampadaires du Pont Fahd, de l’avenue de l’Indépendance et d’autres lieux longeant les grandes artères de la capitale. Ces affiches du candidat Tiébilé Dramé ont été placées aux côtés de celles du candidat ATT sur les mêmes supports publicitaires.

Mais, contre toute attente, l’agence « 2e Consulting » qui a l’habitude de sous-traiter avec une autre agence « Global Print » a énergiquement mis en demeure le Parena de retirer sans délais des lampadaires du Pont Fahd et d’ailleurs les affiches de son candidat Tiébilé Dramé. Cette agence a fait savoir aux responsables du Parena que depuis quelques mois, elle a acquis le droit d’affichage public au même titre que l’AMAP.

Elle ajouta en outre qu’elle a acquis son agrément de la Mairie du District de Bamako qui est valable pour une période de 10 ans. En conséquence, ajouta-t-elle, à part le candidat ATT qui a négocié avec elle une exclusivité d’affichage sur les principales artères de la capitale pour tout le mois d’avril, aucune autre affiche n’est admise sur cet espace routier.

Curieusement, après enquête sur le terrain, il a été prouvé que ladite agence appartient à l’un des beaux fils du Président Amadou Toumani Touré. Est-ce la raison pour laquelle son agence est la seule agence privée à avoir un tel monopole sur le terrain ?

Toujours est-il qu’après le juteux contrat passé avec une société de téléphonie mobile de la place pour faire la publicité sur son rebranding, c’est le président sortant, candidat à sa propre succession qui a aussi négocié avec son beau fils, promoteur de « 2e Consulting » une exclusivité d’affichage sur les principales artères de la capitale pour le mois d’avril.

Curieuse coïncidence : le mois d’avril est celui de l’élection présidentielle au Mali. Ce contrat est demeuré secret jusqu’au moment où le Parena a osé placer des affiches sur ces panneaux d’éclairage public. C’est donc une offre sous les manteaux pour bloquer les autres candidats. Il y a eu duplicité une fois de plus encore après celle faite dans le positionnement des candidats sur le bulletin de vote unique.

Les responsables du Parena rejettent les termes de ce contrat qui attribuent un monopole de fait au candidat ATT sur les endroits stratégiques de la capitale.
Ils ont en outre décidé non seulement de ne pas retirer les posters de Tiébilé Dramé des espaces supposés loués par « 2e Consulting » au candidat ATT, mais menacent aussi que toute atteinte à leurs posters sera suivie de représailles comme la destruction de toutes les affiches du candidat ATT.

C’est cette tension électrique qui prévaut aujourd’hui sur le terrain. Au rythme où vont les choses, un affrontement entre les deux parties n’est pas à exclure et relèvera exclusivement de l’entière responsabilité du camp ATT. Cette situation n’est que la conséquence dommageable de l’interférence de la famille présidentielle dans les affaires de l’Etat.

Birama Fall

13 avril 2007.