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L’Affaire dite “Père Francis” est assez complexe pour avoir obligé l’Eglise à sortir de sa réserve habituelle. Une fois n’est pas coutume.

Mais pour que cette institution religieuse brise ainsi le silence, il a fallu qu’un individu nommé Georges Francis (Libanais résidant au Mali, se réclamant légataire universelle des biens de feu le Père Youssouf Francis qui a longtemps servi au Mali au nom de l’Ordre Libanais Maronite) muni d’une décision judiciaire fasse démolir les murs abritant le Séminaire Saint-Augustin de Samaya.

Les faits et circonstances de cette démolition et la réaction des autorités de l’Eglise catholique ont été largement expliqués, par votre journal dans ses numéros précédents.

Mais au jour d’aujourd’hui, beaucoup de zones d’ombre restent encore à éclaircir, comme par exemple le deuxième testament du défunt Père, aujourd’hui contesté par l’Eglise catholique, ou encore la perte, à l’époque, des titres fonciers des parcelles.

Faut-il encore rappeler que le Père Youssouf Francis avait acquis au Mali, de nombreux biens dont des terrains, au nom de sa congrégation religieuse (Ordre Libanais Maronite).

Biens qui furent mis en son nom propre puisqu’à l’époque, la législation de la République du Mali ne permettait pas, selon lui, de le faire à un ordre religieux.

Plus tard, le Père Youssouf Francis fera transcrire ces déclarations dans un testament qu’il fit rédiger en Albi, le 14 février 1980. Dans ce testament, le Père Francis fait écrire ceci : “… Je lègue tout ce que je possède à Bamako (République du Mali) à mon Ordre, savoir : l’ordre Libanais maronite. Ces biens comprennent : 1e concession église, presbytère, terrain nu de mille mètres carrés environ (titres fonciers numéros 2215 et 2216) ; 2e. Concession ex-école (titre foncier numéro 1476), 3e Cahier des charges numéro 23 d’un Verger à Kabalabougou, 4e. Cahier des Charges d’un Champ à Samaya...” et d’ajouter : “Je me suis trouvé dans l’obligation de faire enregistrer officiellement ces biens en mon nom personnel, la législation de la République du Mali ne permettant pas actuellement de le faire à un Ordre religieux. En conséquence, je m’engage : 1er. A considérer irrévocablement que ces possessions sont la propriété de mon Ordre, 2é. A les laisser en me retirant à la disposition de mon ordre ; 3e- A les transférer à mon ordre dès que la législation de la République du Mali le permettra, 4e -A prêter sans exception ni réserve mon entier concours à ce transfert de propriété, déclarant y obliger même mes héritiers s’il y avait lieu, lesquels seront tenus d’une manière imprescriptible par ma volonté ci-dessus exprimée.

C’est ce testament que détient l’Eglise catholique et dont copie nous a été donnée.
Au regard de ce testament donc, tout paraît clair.

Le Père Youssouf Francis reconnaît que les biens, mis en son nom au Mali, appartiennent à sa communauté (Ordre Libanais Maronite, dont il est membre) qui était alors sous juridiction de l’Eglise catholique du Mali.

Seulement, le 13 août 2004, toujours à Albi et par devant un autre notaire, un certain “Monsieur Joseph Francis, retraité, demeurant à Albi, célibataire” fait rédiger un testament dans lequel il est écrit : “J’institue pour mon légataire universel M. Georges Youssef Francis, mon neveu, demeurant à Bamako (Mali)… En conséquence, il recueillera tous les biens meubles et immeubles composant ma succession. Je révoque tous testaments antérieurs.”

Questions :

Le Père Joseph Francis, initiateur du testament du 14 février 1980 est-il le même que celui qui a fait le testament du 13 août 2004 ?

Notons toutefois que ce second testament est celui détenu par l’Eglise catholique et dont copie nous a été remise.

Alors, si les deux personnages des testaments sont les mêmes, c’est à dire le Père Youssouf Francis, il y a lieu de se demander pourquoi, sur le deuxième testament, il a pris le soin de faire remplacer le titre “Père” par “Monsieur” et d’y ajouter “célibataire” et non plus “de l’Ordre Libanais maronite” qui figurait sur le premier testament? Pourquoi s’est-il rétracté sur le premier testament? Et peut-il léguer des biens à autrui dont lui même reconnaît ne pas détenir la propriété? Troublant, non? Mais les faits parlent d’eux-mêmes.

Tenez! Le 30 octobre 2004, un certain “monsieur Youssef Joseph Francis” fait publier dans un journal de la place la perte de son titre foncier n° 1476 du district de Bamako dans le domaine du district de Bamako. Perte survenue, reconnaissait-il, il y a 25 jours. S

i c’est bien le même Père Youssef Joseph Francis, il faut reconnaître qu’il y a encore là un fait troublant. De source proche de l’Eglise, on dit que le Père Youssouf Francis est décédé le 21 septembre 2004 à Albi.

Le deuxième testament de Youssouf Francis a été rédigé le 13 août 2004 à Albi dans lequel il n’a pas fait allusion à une quelconque perte de titre foncier.

L’avis de perte de titre foncier publié dans un journal de la place dans sa livraison du 13 octobre 2004 et qui mentionne bien que “monsieur Youssef Joseph Francis déclare...” et qui est postérieur au décès du Père Youssouf Francis (le 21 septembre 2004) permet de croire que les morts reviennent défendre leurs droits.

Qui donc aurait fait publier la perte du titre foncier de Youssef Joseph Francis? Et à quel dessein? Troublant, vous dites?

Affaire à suivre
Aimé RODRIGUE

19 décembre 2005.