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Présidée par Mama Diarra avec sur le banc du ministère public, le Procureur Général, en la personne de Amadou Ousmane Touré, la Cour a été clémente en ce qui concerne « l’affaire Papou ».

C’est le moins que l’on puisse dire au regard du verdict prononcé après un très long débat qui a pris toute la journée du lundi 6 juin. « Un an d’emprisonnement avec sursis ».

Voilà la peine que la Cour a infligée à Hamane Cissé dit Kaou et Mamadou Kathilé, tous deux étudiants et réputés être les « commandos » du ministère de l’éducation qui ont envoyé leur frère ennemi Mamadou Dramane Traoré dit « Papou » à la boucherie des policiers du Groupement Mobile de Sécurité (GMS) après l’avoir battu.

Le sergent chef Soumaïlà Goïta qui dirigeait la troupe en a aussi eu pour son compte, puisqu’il a été, lui aussi, condamné à la même peine que les « commandos » du ministère de l’éducation.

Pour les faits, nous sommes le 19 novembre 2004 lorsque deux groupes d’étudiants, l’un pro-ministère de l’Education sous la férule de Hamane Cisse dit Kaou et l’autre pro-Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques (FSJE) dirigé par Mamadou Dramane Traoré s’affrontèrent au sujet de la tenue ou non des examens partiels au sein de cette faculté.

Après une brève altercation, « l’homme fort » du camp ministériel, Kaou arrive à maîtriser son ennemi Papou et le livrer aux policiers du GMS qui se trouvaient dans l’enceinte de la faculté pour le maintien d’ordre.

Selon certains témoignages non encore prouvés, les éléments du sergent-chef Soumaïla Goïta auraient sérieusement frappé l’étudiant Papou considéré par ses camarades proches du ministère de l’éducation comme l’empêcheur de tourner en rond, le perturbateur principal de l’ordre public au niveau de la faculté.

Au cours de l’interrogatoire, les étudiants et les policiers se sont rejetés mutuellement les responsabilités. Mais force est de reconnaître qu’il y a eu beaucoup de contradiction chez les « braves étudiants du ministère de l’Education ».

Certains d’entre eux dont Bréhima Diaby, ont laissé entendre qu’il y a eu bel et bien altercation entre Papou et certains membres de son groupe, alors que le contraire a été soutenu par d’autres.

Par contre, certains étudiants, en l’occurrence Hamidou Bocoum, ex-secrétaire général de la coordination du bureau de l’AEEM et Aboubacar Kanté dit Bibi, attaché de Cabinet au ministère de l’Education qui a échappé bel à la justice par un non lieu, ont affirmé que le défunt Papou aurait déclaré qu’il a été victime de la bavure policière.

Au cours de son réquisitoire, le Procureur Général, Amadou Ousmane Touré a soutenu que l’affaire qui se trouve devant la Cour est extrêmement difficile. « Elle est difficile car, jamais toute la vérité ne sera établie à la barre vu l’absence de certains témoins.

Dans ce cas, les conditions de propreté morale sont difficiles à être dégagées devant une forêt de différentes versions. Mais, nous allons juger en fonction de la vérité qui sera établie aujourd’hui. Ce qui est sûr, c’est que l’étudiant Mamadou Dramane Traoré dit Papou a été victime d’une violence à laquelle il n’a pas survécu ».

Compte tenu de cette constance, il a demandé, qu’il plaise à la Cour, de retenir les accusés dans les liens de l’accusation mais en leur accordant de larges circonstances atténuantes.

Redonner confiance à la Police

La défense, assurée par Mes Ibrahim Maïga, M’Bandy Yattara et Modibo Diakité, a balayé d’un revers de la main l’accusation en soutenant qu’il n’existe pas de preuves palpables contre leurs clients.

« L’infraction n’est pas constituée car l’élément capital du coup mortel n’existe pas. En aucun moment, il n’est établi que les accusés ici présents sont à la base du décès de Papou. Le dossier ne contient que des on dits, donc des affirmations légères. Le droit pénal n’admet pas les interprétations extensives » a souligné Me Maïga qui a sollicité l’acquittement pure et simple des accusés.

Quant à Me Diakité qui défendait spécialement le Sergent chef Soumaïla Goïta, il a déclaré qu’en acquittant ce dernier, la Cour rendra à la police toutes ses lettres de noblesse face à la fragilisation qu’elle connaît aujourd’hui à cause de l’incivisme.

Dans le secret de sa délibération, la Cour a emboîté le pas au Procureur Général en condamnant les coupables, Hamane Cissé dit Kaou, Mamadou Kathilé et le Sergent chef Soumaïla Goïta à un an d’emprisonnement avec sursis.

Allasane DIARRA

Envoyé spécial à Sikasso

09 juin 2005