Le verdict dans l’affaire du Marché rose est tombé vendredi dernier. Le Tribunal du commerce a penché la balance du côté du maire du district en déboutant les commerçants détaillants pour « requête mal fondée ». Un jugement qui a mis en ébullition le marché le week-end dernier.
La plainte de l’Association des commerçants détaillants du Marché rose, « Yérédèmè-Ton », affiliée à la Fédération des commerçants et contribuables du Mali, déposée auprès du Tribunal de commerce de Bamako a connu son verdit le vendredi 28 novembre. C’est auprès du greffe dudit tribunal que l’avocat de « Yérédémè-Ton », Me Modibo Sylla, a appris que la décision du président du Tribunal du commerce, Fatogoma Théra, déboute ses clients pour « requête mal fondée ». Me Sylla a interjeté appel bien qu’il ignore encore le contenu du jugement qui les a déboutés.
Ce verdict est néanmoins tombé comme un couperet sur la tête des occupants du Marché rose qui se plaignent du maire du district, Adama Sangaré accusé d’avoir morcelé et vendu le « passage piéton » sur la rue Faidherbe à des tierces qui en ont construit six boutiques.
Les magasins construits autour du Marché rose pour pallier le manque de place sont séparés par des passages piétons laissés après une rangée de 8 boutiques. Ces voies piétonnières constituent dans l’architecture du Marché rose, des passages pour clients, des issues de secours et un raccourci pour joindre le Dabani. Toutes choses qui ont provoqué l’ire des occupants de cette partie du marché, qui ont crié à l’obstruction de leurs voies.
Blanc-seing au maire
Les commerçants détaillants craignent déjà que « le verdict du Tribunal du commerce crée une jurisprudence en la matière et donne un blanc-seing au maire du district pour occuper tous les passages piétons ». Ils pourront, selon eux, être désormais tenté de transformer leur marché en vase clos, ce qui peut leur être fatal en cas de sinistre. « D’autres marchés de la capitale peuvent vivre la même situation », ont-ils ajouté.
Le verdict a été très mal pris par les commerçants. Samedi, des groupes de femmes dont des personnes âgées et de jeunes excités ont décidé 01de se faire justice en cassant de leurs mains les magasins construits sur le site litigieux. Ils en ont été dissuadés par leurs responsables et surtout tenus en respect par des forces de maintien d’ordre.
Le groupe de femmes ne s’est pas pour autant empêché de maudire le maire du district. Elles ne parvenaient pas non plus à digérer la décision du juge qui avait demandé à l’audience du 17 novembre la comparution du maire du district en lieu et place de l’administrateur gérant du Marché rose, Nianan Sanogo, qui n’avait pas daigné déférer à sa convocation. Pour le juge, « la mairie du district étant l’autorité morale représentée par le maire du district, doit répondre de ses actes et non M. Sanogo qui n’est qu’un employé ».
A l’audience du 20 novembre, les avocats de la mairie du district, Me Diop et Aminata Traoré, avaient soutenu que « le maire du district peut sur la base d’un acte administratif vendre des espaces au marché ». Leur confrère, Me Sylla de « Yérédémè-Ton » avait répliqué que « Adama Sangaré est seul à avoir pris la responsabilité de vendre les passages piétons qui va empiéter sur l’objet commercial du Marché rose qui manque de voies d’accès depuis sa reconstruction en 1994 ».
Abdrahamane Dicko
01 déembre 2008