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Le dossier de feue Me Touré Aïda Niaré est loin de connaître son épilogue. Les deux agents médicaux incriminés, Dr. Mohamed Kéita et Mme Dembélé Salimata Daou sont certes en liberté provisoire, mais leurs collègues sont décidés à obtenir du parquet leur blanchiment surtout qu’« il n’y a eu aucune faute professionnelle ». Tel était l’objectif principal de la grande rencontre des agents socio-sanitaires samedi dernier au CICB.

L’affaire Touré Aïda Niaré, qui remonte au mois de juillet dernier, continue toujours de défrayer la chronique. L’avocate est consultée, hospitalisée au Centre hospitalier universitaire Gabriel Touré, puis évacuée d’urgence sur un hôpital de Paris. Elle y rend l’âme le 25 juillet 2007.

Depuis, l’affaire ne cesse de faire du bruit avec l’arrestation, l’incarcération et la mise en liberté provisoire de Dr. Kéita et Mme Dembélé pour manquement professionnel suite à des plaintes déposées par l’Ordre des avocats et la famille de la défunte.

« N’ayant décelé aucune faute professionnelle », les agents socio-sanitaires souhaitent l’acquittement pur et simple de leurs deux collègues. C’est la conclusion de la rencontre, qui a permis de mettre tout le monde au même niveau d’information dans cette affaire.

Pour obtenir l’acquittement de leurs collègues, les professionnels de la santé vont engager des avocats spécialistes, dont Me Modibo Diakité du Mali, un du Sénégal et un de la France, en plus des experts en la matière. C’est ainsi qu’ils ont prévu des cotisations de tous les professionnels de la santé afin de faire face aux dépenses qui les attendent.

Les motions de remerciements et de soutiens de tous les syndicats et associations socio-sanitaires n’ont pas manqué tout au long de la rencontre, à commencer par Pr. Salif Diakité, le président du comité de crise. Ce dernier est revenu sur les efforts déployés par le comité du début jusqu’à la mise en liberté provisoire de leurs collègues avant d’adresser moult « merci » à ses collègues pour la solidarité dont ils ont fait preuve.

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Comme l’a dit un syndicaliste, « il a fallu que deux membres de la famille sanitaire soient inculpés de façon abusive pour éveiller notre conscience commune », les professionnels de la santé sont maintenant conscients de la lutte qu’ils doivent mener. Ils ne veulent plus être des « victimes expiatoires ».

Soucieux du devenir des agents et de la fonction sanitaires, les hommes en blouse blanche veulent dorénavant agir à l’unisson en mettant fin aux divergences et à certaines pratiques qui règnent jusqu’à présent au sein de leur corporation. Ils pensent en général que la situation à laquelle ils font face aujourd’hui est la résultante du « désintérêt que nous avons pour notre propre sort ».

Dr. Béfon Cissé, représentant des différents collectifs de santé du Mali, initiateur de la rencontre, a souhaité la moralisation de la fonction sanitaire et la défense des agents sanitaires dans l’exercice de leurs fonctions. Pour cela, il a demandé que « chacun fasse ce qu’il a appris à faire ».

Tout en souhaitant être à l’avant-garde des textes et lois les concernant et à l’élaboration desquels ils doivent désormais être associés, surtout qu’ils sont représentés à l’hémicycle. Les représentants des différents syndicats de la santé, y compris ceux des régions (Kayes, Koulikoro, Sikasso), souhaitent une révision du statut d’agent sanitaire.

« Unis et mobilisés, nous vaincrons les adversités et les obstacles qui se dresseront sur notre chemin », a affirmé Dr. Cheick Oumar Dia.

On se souvient que les médecins avaient un moment exigé l’exhumation du corps, qui serait de nature à blanchir purement et simplement les personnes incriminées. Cette idée est toujours d’actualité, car certains intervenants en sont encore partisans : faire une autopsie de la dépouille pour qu’enfin éclate la vérité.

Ogopémo Ouologuem
(stagiaire)

18 septembre 2007.