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Courant 1995, l’Etat a contracté un prêt bancaire qui a servi à l’achat de 2000 mobylettes exonérées à 50 % pour les fonctionnaires de la police pour un montant global de 2 milliards 644 millions de F CFA. Les motos cédées à crédit devaient être remboursées sur un délai de 48 mois.

Les montants à rembourser différaient selon les catégories d’engins. Les Yamaha 100 qui coûtaient par exemple 1 728 675 de F CFA étaient payées à 36 014 F CFA/mois, les Yamaha 80 à 31 717 F/mois pour un prix d’achat de 1 522 441 F CFA, etc.

Les policiers, « qui avaient senti une escroquerie », avaient mis fin aux remboursements avec des menaces de grève. Un montant de 1,7 milliard de F CFA avait été recouvré. Des enquêtes ont découvert que tout ne s’était pas passé dans les conditions de transparence.

Un policier comptable en a fait les frais récemment en écopant d’une condamnation de prison ferme lors de la dernière Cours d’assises en transport à Sikasso pour détournement de 68,8 millions de F CFA dans l’opération.

D’autres irrégularités concernaient la disparition de deux motos Camico ou encore l’auto octroi de deux, trois, voire quatre motos par un même individu à des fins commerciales. L’attribution du marché n’avait pas non plus fait l’objet d’appel d’offres. Aussi la réception et la distribution se sont-elles déroulées en l’absence de toute commission.

Irrégularités

Une lettre circulaire de la direction générale de la police nationale du 6 juillet 2005 demande aux commissariats de polices de notifier à leurs personnels, détenteurs de ces motos, que les traites qu’ils doivent pour cette opération feront l’objet de retenue sur leur salaire à compter d’août 2005.

La diffusion de la lettre circulaire n’a pas été appréciée dans les unités de police. Selon des policiers, « le DG Yacouba Diallo ne fait que réveiller les vieux démons à partir du moment où l’affaire était censée être classée ». Toujours selon eux, « les prédécesseurs du DG avaient pris des dispositions visant à surseoir définitivement aux remboursements ».

Le contrôleur général Yacouba Diallo, que nous avons rencontré, répond qu’il n’a pas pris cette décision ex-nihilo. « Il n’a jamais été dit d’éteindre les traites. Cependant, eu égard à un manque de transparence, un sursis avait été observé pour voir clair », précise-t-il.

Le contrôleur général Diallo motive sa lettre par les conclusions du rapport du contrôle général des services publics. Ces conclusions, à l’en croire, « n’indiquent nulle part, que les erreurs commises par l’administration de la police ont valeur de nullité de la reprise du paiement », explique-t-il.

L’inspection des services de sécurité et de la protection civile, qui a effectué plusieurs missions de contrôle à la direction générale de la police, a abondé dans le même sens, en ordonnant « la reprise sans condition des paiements ».

Le DG de la police ajoute qu’il s’agit de l’argent du contribuable qu’il faut payer. Mieux, juge-t-il, « il ne faut pas créer un fâcheux précédent en refusant de payer, ce qui ne serait pas un bon exemple des policiers à l’endroit d’autres fonctionnaires ».

Abdrahamane Dicko

04 août 2005