Stupéfaction et étonnement dans le petit monde des banquiers : Mamadou Diawara, l’ex-PDG de la Banque de l’Habitât du Mali est sous les verrous depuis le week-end dernier. Un rebondissement dans l’affaire qui oppose la BHM à son partenaire West African Investment Company (WAIC) sur le détournement des fonds relatifs à la construction des 16 « Villas de la Mangueraie » et qui risque de faire couler plusieurs autres barons de la finance.
L’affaire qui oppose depuis quelques temps la Banque de l’Habitât du Mali (BHM-SA) à un de ses clients à savoir la West African Investment Company (WAIC) dont le Promoteur et PDG est Ismaïl Haïdara a connu un rebondissement spectaculaire le week-end dernier.
En effet, le vendredi dernier, le Président du Pôle économique et financier de Bamako et non moins Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de la Commune III du District de Bamako, Sombé Théra, a ordonné au Chef de la Brigade Spéciale dudit Pôle, le commandant Moussa Zabour Maïga, l’interpellation puis la mise en garde à vue de l’ex-PDG de la BHM, Mamadou Baba Diawara.
Le PDG de la société Immobilière en question c’est-à-dire le WAIC, Ismail Haïdara, a aussi été interpellé et placé en garde à vue. Selon nos informations, d’autres personnes proches de ce dossier seraient aussi entre les mains du Pôle économique et financier parmi lesquels le promoteur de Ifa Baco, Mohamed Traoré ; Yacouba Coulibaly de Mali Univers et le coursier de Ismail Haidara auprès de la BHM.
C’est surtout l’arrestation de l’ex-PDG de la BHM, Mamadou Baba Diawara qui a étonné plus d’un tant dans le milieu bancaire que dans les rangs de nombreux observateurs de la place. En effet, pour beaucoup de gens, il se trouverait à Paris où il séjourne depuis 2002. Son retour au Mali depuis quelques semaines n’était connu que de ses parents et de son proche entourage. Toujours est-il qu’à travers son arrestation, le Procureur anti-corruption, Sombé Théra, vient de prouver une fois de plus qu’il ne lâche pas facilement ses proies.
Interpellations en cascade
Selon un responsable bancaire, toute cette affaire est partie de la BHM elle-même qui a introduit une plainte en bonne et due forme contre le PDG de WAIC, Ismaïl Haïdara pour se faire rembourser la somme de cent millions (100 000 000) F CFA.
Une somme qui avait été versée à la société WAIC dans le cadre du 1er Accord de financement entre WAIC et la BHM relatif au financement du Projet « Villas de la Mangueraie« . Un Projet fiable et bancable à cause surtout de la présence des partenaires Allemands aux cotés de WAIC, c’est-à-dire Ismail Haïdara.
Au moment de la signature de cet accord de financement, c’est Mamadou Baba Diawara qui était aux commandes de la BHM. Seulement voilà qu’après avoir parcouru quelques chemins ensemble, la BHM est revenue sur ses engagements pour dire que les coûts de réalisation des 16 « Villas de la Mangueraie » sont surévalués.
Non seulement le PDG de WAIC refusa net ce revirement de son partenaire du jour. Mieux, il assigna la BHM en Justice devant laquelle il aurait d’ailleurs gagné son procès.
Mais, loin de se résigner devant cette décision de justice qui a été rendue en faveur de WAIC, les experts en la matière de la BHM sont restés convaincus que dans le montage du prêt de financement des 16 « Villas de la Mangueraie », il y a eu surfacturation. Un des experts nous expliqua que si une Villa faisait par exemple 100 Millions de F CFA, il y a eu une surfacturation à hauteur de 150 millions de Fcfa.
C’est ainsi que fort de ces éléments et des preuves irréfutables, la BHM décida de fermer le robinet de l’argent et amena l’affaire sur le plan pénal en portant plainte devant le Pôle économique et financier de Bamako contre le PDG de WAIC, Ismaïl Haïdara.
Mais de sources proches de cette société immobilière, il n’y a nullement eu surévaluation des coûts de construction des 16 Villas de la Mangueraie parce qu’il est clairement mentionné dans le 1er Accord de financement entre WAIC et la BHM que tous les matériaux devaient être importés d’Europe.
Dans les faits, force est cependant de reconnaître que certains matériaux ont été achetés sur le marché malien.
Dans le souci de faciliter la manifestation de la vérité dans cette affaire et d’avoir le coeur net, le Procureur anti-corruption, Sombé Théra, a décidé d’interpeller tout le monde pour les besoins de l’enquête préliminaire. L’heure des inculpations n’a pas encore sonné d’autant plus que pour le moment les enquêteurs s’adonnent au jeu de questions-réponses.
Ce qui est sûr, une nouvelle ère vient de s’ouvrir sur la gestion de M. Diawara à la tête de l’institution bancaire à partir de cette affaire.
Birama Fall
05 juin 2007.