Le différend qui oppose l’opérateur économique Djonké Yernangoré dit Babou Yara à ses locataires et qui a été transporté devant le tribunal de commerce de Bamako, a été tranché. Se fondant sur les résultats auxquels est parvenu l’expert commis par la partie plaignante, le tribunal a débouté les commerçants qui voyaient d’un mauvais œil la décision d’augmentation des loyers des magasins qui n’avaient été majorés d’aucun copeck depuis 17ans.
Pour comprendre cette affaire qui, en réalité, n’en est pas une, il faut remonter à 1993 lorsque Babou Yara acheta des immeubles avec des Blancs. Il voulut les démolir pour en faire des magasins modernes mais fut persuadé par ses aînés et oncles de se contenter de faire juste des modifications. Parce que, le marché rose de Bamako venait de brûler et des commerçants maliens résidant au Congo, venaient de rentrer. Les magasins de Babou Yara ont donc été mis à contribution pour « recaser » les sinistrés.
En 2008, le propriétaire des lieux, par l’intermédiaire d’un huissier de justice, informa ses locataires de sa volonté de revoir à la hausse les frais de loyer à partir de janvier 2009. Mais, à cette date, les commerçants ont tout simplement refusé de s’exécuter. Après une dizaine de réunions, ils ont eux-mêmes proposé une augmentation de 50% pour les boutiques de l’extérieur et 40% pour ceux de l’intérieur. Cet accord a même été fêté si bien qu’une prière a été dite et la Fatiha prononcée.
Faisant preuve de mauvaise volonté manifeste, les commerçants ont adressé une lettre au ministre de tutelle avec ampliations au Président de la République et au Premier ministre.
Pour amener les deux parties à la table de négociation en vue de trouver une issue favorable, une commission a été mise en place. Composée de Soya Golfa, Alou Yattassaye, Gamal Abdel Nasser, Mama Dabitao, Ousmane Djittèye, Mme Ascofaré Lalaïssa, elle est présidée par Malamine Tounkara, ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali.
Là également, un accord est trouvé et fêté. Les commerçants acceptent l’augmentation des frais de loyer des magasins de l’extérieur de 50% et de 40% pour ceux de l’intérieur. Devant chaque magasin, le loyer majoré a été affiché pour éviter tout malentendu et les locataires avaient promis de procéder au paiement dès le lendemain.
Curieusement, à la fin du mois, ils ne s’exécutent pas prétextant que le propriétaire des magasins a fait une augmentation de 100 voire 200%. Au regard des informations obtenues, il est clair qu’il y a une volonté manifeste de la part de certains commerçants.
Sinon, comment comprendre qu’ils remettent en cause, par deux fois, des accords qu’ils ont contribué à obtenir? Et surtout que, parmi les locataires, certains payent correctement les nouveaux tarifs fixés. Les autres ne sont-ils pas animés par la volonté d’exproprier Babou Yara de ses biens?
Pourtant, Babou Yara a fait preuve de bienfaisance en faisant construire une mosquée pour ces mêmes commerçants sur une parcelle qui pourrait rapporter au moins 2,5 millions de nos francs par mois. Aujourd’hui, les arriérés dépassent les 100 millions de FCFA.
Le tribunal, qui a rendu son verdict, s’est fondé sur le travail de l’expert qui, après évaluation, a, tout en maintenant le loyer d’un certain nombre de magasins, revu à la hausse celui d’autres et à la baisse celui d’autres encore.
Il est donc important aujourd’hui, que tous comprennent qu’il n’a jamais été question d’augmenter les loyers de 100 à 200%. Cela n’a été dit ni par Babou Yara ni par le tribunal de commerce. Aux commerçants également de comprendre que Babou Yara est propriétaire de ses magasins et qu’à ce titre, il ne saurait être permis à autrui de lui indiquer la conduite à tenir dans la gestion de ses affaires.
Diakaridia YOSSI
01 Avril 2010.