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A l’aéroport de Bamako-Sénou, la sécurité n’est apparemment pas la préoccupation des agents. C’est le sauve-qui-peut des passagers.
Après les attentats du 11 septembre 2001 aux USA, beaucoup d’aéroports à travers le monde ont renforcé leurs contrôles sécuritaires.

Il s’agit, pour les agents chargés du contrôle des bagages, des passagers et de l’environnement même de l’aéroport, de se tenir prêts à déjouer les attentats et à mettre à nu les voleurs.

Les responsables aéro-portuaires sont ainsi avertis des dangers que peut occasionner une négligence. Au Mali, c’est peine perdue.

Le pire danger qui guette les usagers de l’aéroport de Bamako est le laxisme qui règne à l’embarquement et au débarquement. L’alerte sécuritaire, qui concerne le Mali, n’est apparemment pas prise au sérieux à Bamako-Sénou en tout cas du côté des agents chargés du contrôle de l’arrivée des vols.

Samedi 10 mai, il est 17 h. Un vol d’une compagnie atterrit sur le tarmac de l’aéroport international de Bamako-Sénou sous une chaleur torride. Les passagers pressés font leur entrée dans le hall d’arrivée, espérant remplir rapidement les formalités administratives. Ils se mettent en rang comme d’ordinaire.

Curieusement, les agents de contrôle, à commencer par les policiers qui visent les passeports, l’agent de la réception des fiches de débarquement, les agents chargés du contrôle des bagages au scanner, ne sont pas sur place. Sommes-nous dans un aéroport ou une gare routière quelconque ? C’est la question que d’aucuns n’ont pas hésité à se poser.

Quelques minutes plus tard, une douanière se présente en disant « pourtant les policiers étaient là, il n’y a pas longtemps ». Sans pouvoir donner une solution et sachant bien que ce n’est pas son travail, elle s’éclipse aussitôt. Un Européen, en tenue militaire, s’approche. « C’est vrai qu’il n’y a pas d’agents. Quel est l’avion qui vient d’atterrir ? ».

« Excusez-nous messieurs ! »

A force d’attendre, l’impatience a eu raison de certains passagers. Ils n’ont trouvé mieux que de s’en aller, sans accomplir les formalités.

Des agents sont arrivés à leurs postes bien après le départ de bien de passagers qui avaient déjà franchi l’aéroport comme en territoire conquis. Leurs bagages n’ont fait l’objet d’aucun contrôle, ni de la part de la douane ni de la police. Cependant, beaucoup sont revenus à de meilleurs sentiments en faisant demi-tour au poste de contrôle.

Une policière de service ne s’est même pas rendue compte de la gravité de la situation. Comme d’habitude, c’est le sempiternel « excusez-nous messieurs » qui a été servi comme si de rien n’était. A Bamako-Sénou, la question de sécurité se pose donc avec acuité.

Comme l’a dit Ousmane Sow, journaliste à Montréal et chroniqueur aux Echos, y a-t-il à Bamako-Sénou quelqu’un qui prend au sérieux la sécurité aéroportuaire ? Quand est-ce que l’on se décidera à fonctionner comme un aéroport moderne ? Quels peuvent être les dangers d’une telle négligence ?

Pour M. Sow, il ne s’agit pas de rappeler aux uns et aux autres si l’avion est et reste le moyen de transport le plus sûr au monde, c’est parce qu’il existe des normes internationales qui doivent être appliquées sans complaisance. Malheureusement, à Bamako-Sénou, le laxisme semble être sans limites.

Avant l’accès aux contrôles de police, comme le disait M. Sow, « c’est toujours la ronde infernale des badauds, coxeurs et rabatteurs qui harcèlent les passagers et les poussent dans leurs derniers retranchements. Quant aux bagages, chaque passager est obligé de surveiller constamment les siens au risque de se les faire voler ou embarquer de force par un charretier auquel personne n’a rien demandé ».

Il urge, pour le ministère de l’Equipement et des Transports et les autorités aéroportuaires, de veiller sur les agents afin qu’ils fassent preuve de professionnalisme pour le bien-être des passagers et de la population. Parce qu’un attentat n’est pas à écarter même au Mali.

Une partie de l’argent du Millenium Challenge Account destinée à la réhabilitation des aéroports du Mali doit être utilisée à bon escient et même à la formation des hommes.

Amadou Sidibé

13 Mai 2008