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Les gens ont peut-être attribué cela aussi à de l’ignorance, oubliant que la langue française n’est pas la nôtre, et que la parole, chez nous, fait une très large place à Dieu.

Nul doute que l’orateur en langue nationale toucherait plus facilement le coeur du peuple que l’utilisateur du français, langue officielle, mais où, cependant, l’émetteur et le destinataire sont très souvent tous les deux d’un niveau passable, parce que le message dans nos langues a toujours quelque chose de moralisant, qu’il cherche à guérir les maux de l’âme plutôt que d’aligner des arguments convaincants.

On se souvient de ses attaques contre El Hadji Oumar, aïeul de Me Tall, et des éloges envers sa propre généalogie. On rira également de ses révélations sur sa fortune personnelle, et qu’on jugera impropres à remplacer la connaissance.
Mais la fortune personnelle qu’il brandissait, n’était-ce pas l’équivalent de la formation, et même quelque chose de plus probant?

Etait-il si facile d’avoir, comme lui, en 1970 (il avait la trentaine) le milliard? Quand, par ailleurs, on demande de faire un état des biens du président de la République du Mali au début et à la fin de son mandat, n’est-ce pas pour s’assurer qu’il n’aura pas profité des biens de l’Etat pour s’enrichir?

Dans ce contexte, parler soi-même de ses biens est hautement moral. Maribatrou président de la République ? Pourquoi pas ?

Celui qui maîtrise une entreprise n’est-il pas plus grand meneur d’hommes qu’un fonctionnaire obéissant qui a appris les codes de lois par coeur ?

Des hommes comme Maribatrou et le député de Yélimané Mamadou Hawa Gassama Diaby méritent-ils d’être appelés illettrés quand, après avoir été formés dans la culture nationale traditionnelle dans deux langues au moins (soninké et bamanan, avec, en plus, éventuellement, le peul et le maure), ils ont fait l’école coranique et parlent français?

Adieu, Maribatrou le combattant ! Qu’Allah t’accorde la paix éternelle !

Ibrahima KOITA

02 mai 2006.