Yaba, par sa masse et ses cris, laissait rarement indifférent dans un stade. Avec lui, le mot supporter ou 12è homme avait tout son sens. Rongé par la maladie, Yaba s’était éclipsé des stades, mais son coeur n’a cessé de battre pour le football.
Pour rendre hommage à celui qui supporta haut le foot malien, nous reproduisons ici sa dernière interview qu’il nous a accordée après son retour du Maroc, en juin 2004, où il avait été admis dans un Centre hospitalier pour des soins, grâce au concours du chef de l’Etat.
Le Républicain : Yaba, nous savons que vous avez rendu des services inoubliables au sport national. Et ce geste louable du Chef de l’Etat par rapport à votre maladie ?
Kalilou Cissé « Yaba » : Aujourd’hui, je suis très ému par la situation dans laquelle je me trouve. Ce qui est évident, dans la vie on récolte toujours ce qu’on a semé. Autrement dit, en faisant bien son travail, on tire le maximum de profit. C’est pour vous dire que le geste du Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, s’explique par mon engagement pour supporter les équipes nationales du Mali. Quand ATT a appris ma maladie, il a promis (devant le peuple Malien) de m’envoyer au Maroc. Vingt quatre heures après, il s’est exécuté. Une fois de plus, c’est l’occasion pour moi de le remercier infiniment. Seul Dieu pourra le payer à ma place. A l’état actuel, ça va beaucoup mieux, Dieu merci. Quand je partais au Maroc, ma situation était très critique, même alarmante, parce que je ne pouvais ni marcher, ni parler. Mais aujourd’hui, vous voyez, je suis venu assister aux rencontres du championnat national. Cela est réconfortant pour mon moral et constitue une espoir pour les Maliens, qui ont compati à ma douleur en un moment où ça n’allait pas du tout.
Pour ce qui est de votre maladie, on parlait de diabète, tantôt de cirrhose. Vous souffriez de quoi en fait ? Doit-on conclure que Kalilou Cissé dit Yaba national est guéri ?
Les mauvaises interprétations sont rapides et fréquentes à Bamako. Quand je partais j’avais une plaie aux deux pieds ; en plus de ça, mes danses ont occasionné un gros caillot. Ce qui avait compliqué la tâche. Malgré tout ça, il y a eu plus de peur que de mal. Ma santé s’est beaucoup améliorée. C’est pour vous dire à quel degré l’appui de ATT m’a sauvé. Je ne pouvais même pas m’asseoir. En me voyant aujourd’hui, je vous laisse le soin d’apprécier.
Peut-on s’entendre à voir Yaba national dans tous ses états ?
Mon amour pour ce pays, et plus particulièrement les équipes nationales du Mali, ne me permet pas d’abandonner les stades, tant que je pourrais marcher. Le geste de ATT me galvanise davantage. Seulement, je vais changer de style, car mon âge et ma santé influent négativement sur ma force. J’ai des cadets, que je suis en train de former afin qu’ils assurent la relève. Je serais régulièrement dans les stades à côté d’eux, mais franchement je ne vais plus danser. Une fois de plus, je remercie le Président de la République et l’ensemble du peuple malien pour leur soutien.
Propos recueillis par Souleymane Diallo
Supporter dans l’âme Kalilou Cissé dit Yaba est sans conteste l’un des plus grands supporters des équipes nationales du Mali.
Longtemps éloigné des stades par une grave maladie qui l’a poussé à un séjour très prolongé à « l’hôpital du Point-G », celui dont les services étaient loués (même !) par d’autres nations de football, s’est battu des mois durant contre une vilaine plaie au niveau des pieds.
Pourtant, au début, cette plaie ne l’empêchait pas de danser dans les gradins. Malheureusement le mal aura finalement raison de lui. N’en pouvant plus, Yaba national souffrait atrocement alité chez lui à Sébénicoro.
Les aides collectées ça et là n’ont pas donné les résultats escomptés. Il devait séjourner au « Point-G » car la situation s’empirait. Alors qu’on craignait pour ses jours, des appels, faut-il dire, des cris de détresse ont été lancés à l’endroit du Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré.
Celui-ci saisit l’occasion mémorable de l’accueil populaire des Aigles de retour de Tunis, pour faire la promesse de l’envoyer au Maroc.
Visiblement, les soins que Kalilou a subis à l’hôpital militaire de Rabat ont porté fruits. C’est du moins ce que nous concluons à partir de l’interview qu’il a bien voulu nous accorder quelques jours après son retour.
C’est un Yaba très calme, convalescent ayant perdu du poids qu’on a rencontré pour vous.
03 mars 2006.