Cette décision provoque déjà des remous dans la ruche, où certains responsables, sous la houlette du 1er vice-président, Soumeylou Boubèye Maiga, semblent determinés à s’opposer à un éventuel «soutien électoral» à ATT.
A l’Adema, les vieux démons de la division sont tout simplement sur le point de se reveiller. Et pour cause A 16 mois des élections générales prévues pour le mois d’avril 2007 au Mali, l’Adéma Pasj vient de trancher la question de la candidature aux présidentielles à venir.
Cette décision a été prise par la 7 ème conférence nationale qui, après avoir enregistré les réactions des coordinations régionales, du district de Bamako, des Maliens de l’extérieur, du mouvement des femmes et des jeunes, «a décidé de traduire son soutien politique actif en soutien électoral à l’actuel Président de la République Amadou Toumani Touré, dans le cas d’une candidature pour un second mandat».
Cette décision, loin de satisfaire les différentes tendances de la ruche, constitue un véritable goulot d’étranglement pour ce parti qui dispose de 3550 conseillers élus, 270 mairies, 25 conseils de cercles, 6 assemblée régionales et la mairie du district de Bamako.
Les applaudissements qui ont accompagné l’annonce de cette décision cachent mal le profond malaise qui traverse aujourd’hui l’Adéma.
Certes, comme l’a dit le Président Dioncounda Traoré, l’ADEMA n’a pas connu un énième éclatement à l’issue de ces débats qui constituaient sans aucun doute un vrai pari.
Mais ce qu’il faut cependant noter , cet unanimisme de façade qui a été mis en exergue pour soutenir le choix porté sur l’actuel Président de la République n’a pas pourtant empêché les mêmes décideurs de l’ADEMA à inviter le comité Exécutif à mener sans délai une campagne de sensibilisation des militants tant à l’intérieur qu’à l’extérieur sur cette importante décision de l’ADEMA.
Pourquoi alors une telle précaution si réellement cette décision est l’émanation des coordinations régionales, du District de Bamako, des Maliens de l’Extérieur, du Mouvement des femmes et des jeunes ?
N’est-il pas aussi superfétatoire de lancer un appel à tous les militants et responsables du Parti pour une adhésion totale à cette décision afin d’éviter à l’ADEMA de connaître les déchirements de 2002.
Le simple fait d’attirer particulièrement l’attention du Comité Exécutif sur ces deux points prouve que quelque chose se trame derrière cette décision.
Avec certaines recommandations de la 7è conférence Nationale comme entre autres : «faire respecter avec vigueur la discipline au sein du Parti» ou encore «prendre des sanctions immédiates contre le travail fractionnel quelle que soient sa nature et son origine», on se rend compte réellement de l’écart du fossé qui sépare les Pro-ATT des autres.
Déjà, des voix commencent à s’élever pour circonscrire cette décision dans sa juste proportion. C’est le cas notamment du 1er vice-président du parti, Soumeylou Boubèye Maïga qui a tenu à réaffirmer sa position devant ses camarades du parti.
Boubeye conteste
Dans sa déclaration lue devant la 7è conférence Nationale de son parti, Soumeylou Boubèye Maïga fera savoir : «L’occasion est bonne parce qu’elle permet de dire notre position qui a été souvent déformée. Je suis parmi ceux qui pensent que notre parti est fondamentalement un parti démocratique. C’est pour cela que nous avons tenu à ce qu’il n’y ait pas de liens mécaniques entre les instances parce que chaque instance a ses prérogatives. Dans le parti, nous sommes tous des hommes et des femmes libres. On peut avoir des idées différentes sans que cela ne tourne au conflit. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est dans cette salle que nous avons décidé de transformer l’association Adema en parti le 26 Avril 1991.
Parlant de la position du parti, en ce qui concerne les élections de 2007, certains arguments sont mis en avant par les militants : le soutien à ATT renforcera le parti dans la perspective des législatives ; le parti manque de moyens financiers.
Soumeylou Boubèye Maiga s’expliquera sur ces points.
Les partis de l’ACC, à son avis, ne représentent pas 10% à l’Assemblée nationale et ont eu moins de 2% aux communales de 2004, quand bien même ils soient ceux qui soutiennent ATT En 1992, à 48 heures du dépôt des candidatures, soutiendra le 2è vice-président du Pasj, la caution d’Alpha n’était pas encore réunie :
néanmoins il a gagné. En 2002, Soumaila Cissé a dépensé plus que tous les candidats : mais a perdu.
Le soutien à un candidat doit se faire sur la base de la force du parti, estime le 2è vice-président. Mieux il a édifié ses camarades sur ses rapports privilegiés avec ATT. «Je connais personnellement ATT et je ne pense pas qu’il y ait dans cette salle quelqu’un qui a des liens plus étroits avec lui que moi».
Partant de cet argumentaire, le 1er vice-président bat en brèche la position du parti qui «n’est pas en conformité avec les textes».
En clair, on peut donc affirmer que malgré la décision de la 7è conférence Nationale, le débat est loin d’être clos. D’autres responsables et non des moindres affichent la même détermination. Pour eux, le combat ne fait que commencer.
Cette attitude est jugée anti-démocratique par les Pro-ATT. Ces derniers sont déterminés à faire entériner le choix de ATT par les instances du parti.
Même, disent-ils, s’il faut convoquer un congrès extraordinaire pour adapter tous les textes à la nouvelle réalité.
C’est donc un bras de fer qui est aujourd’hui engagé dans la ruche.
Vu la détermination des uns et des autres, une déchirure au sein du parti est fortement envisageable.
Birama Fall
15 novembre 2005.