En tout cas, l’évènement n’est pas passé sous silence à Bamako-Coura, le siège de l’ADEMA-PASJ. L’évènement, c’est la réunion ordinaire du Comité Exécutif qui s’est tenue mercredi 10 mai 2006. En vérité, l’ancien parti au pouvoir ne parvenait plus à relever le défi de la tenue régulière des réunions de sa direction nationale.
En effet, prévues, normalement les mercredis, le comité exécutif a toujours des difficultés pour tenir régulièrement ses réunions. On pensait peut-être que l’une des explications serait l’emploi du temps trop chargé des uns et des autres. C’est pourquoi, il aurait tenté de trouver la solution de rechange en se rabattant sur les week-end.
Et malgré tout, il s’avérait difficile de réunir le CE au complet. Chaque fois qu’il y a réunion, les absences se multipliaient au point que le quorum n’est pas souvent atteint. Mais, la réunion du mercredi dernier a été le contraire de ce spectacle de ceux qui donnaient l’impression de tourner le dos au parti.
LES RAISONS : les barons ont été nombreux à répondre massivement à l’appel du président du parti, Dioncounda Traoré. Mais la véritable surprise est la participation de Soumeylou Boubèye Maïga.
Pendant que peu d’entre les membres du CE étaient enfermés dans la pyramide (la salle de réunions du parti à son siège), voilà que le 1er vice-président vient ouvrir la porte, salue les camarades et prend place pour participer à la réunion. Dans la salle, certains n’en revenaient pas. Puisque Soumeylou avait commencé à bouder les réunions du CE depuis huit mois.
En tout cas, on estime que sa dernière apparition publique avec le parti remonte à novembre 2005 à l’occasion de la Conférence nationale de l’ADEMA-PASJ tenue au Centre islamique de Hamdallaye.
Chaque fois que M. Maïga était convoqué pour prendre part à une réunion du CE, il se faisait toujours excuser pour raison de voyage à l’intérieur ou hors du pays. C’est pourquoi, sa présence mercredi dernier, ne pouvait que surprendre beaucoup de camarades, eux qui pensaient qu’il suivrait les pas de Soumaïla Cissé.
En effet, après l’échec à la présidentielle 2002 de l’Enfant de Niafunké, certains amis ont quitté pour créer l’URD. Dans la même logique, d’aucuns croient que Soumeylou finirait par créer son parti, car il voudrait que le parti présente son propre candidat au lieu de soutenir ATT à la présidentielle de 2007. Pour le moment, la majorité de ses camarades sont parvenus à faire échec à l’idée d’un candidat interne.
D’ailleurs, la dernière Conférence nationale de l’ADEMA-PASJ a recommandé la transformation du soutien politique du parti en soutien électoral à ATT dans la perspective d’une candidature de celui-ci en 2007. La seule recommandation de la conférence pour soulager Soumeylou est celle qui a demandé la publication urgente du bilan de l’ADEMA pendant les dix ans passés à la tête du pays.
COUPER LA POIRE EN DEUX?
Tout porte à croire que vu l’atmosphère qui prévalait au sein de la Ruche, Soumeylou a dû comprendre que la publication urgente du bilan de l’ADEMA avait pour but de le contenter. Alors qu’en vérité la dynamique d’un soutien ATT s’avèrerait irréversible.
Avec ces recommandations contradictoires, la Conférence nationale n’a donc pas coupé réellement la poire en deux. Même si logiquement la publication du bilan du parti est synonyme, semble-t-il, de la recherche d’un argument de campagne électorale dans la perspective de 2007.
Il suffirait de prouver que le bilan est globalement positif, du moins l’ADEMA a mouillé le maillot, que l’ancien parti au pouvoir peut être tenté de présenter son candidat contre l’actuel locataire de Koulouba.
Quoi qu’il en soit, avec ce retour au bercail de Soumeylou Boubèye Maïga, on est en droit de se poser les questions suivantes : le 1er vice-président a-t-il compris qu’il lui serait impossible de renverser la tendance actuelle au sein de la Ruche favorable majoritairement à un soutien à ATT ? Serait-il, avec ce retour, en train de vouloir changer de stratégie afin de devenir le candidat du parti?
Ce qui n’est pas à exclure quand on sait que dans l’entourage du 1er vice-président, on explique que le candidat de l’ADEMA en 2012 doit être connu en 2007 pour une question de stratégie politico électorale. Et ce dossard devrait être Soumeylou Boubèye Maïga, qui revendique une certaine légitimité par rapport aux autres.
On se souvient que c’est lui et Soumaïla Cissé qui s’étaient affrontés lors de la Convention nationale, qui investissait le candidat de l’ADEMA à la présidentielle de 2002. Le vainqueur, Soumaïla Cissé ayant démissionné, Soumeylou le remplace naturellement pour 2012, puisque celui qui jouait ce rôle en 2002, à savoir IBK, est parti au RPM et le dernier congrès ordinaire a supprimé la Convention nationale.
Cependant pour bon nombre d’observateurs et camarades de l’ADEMA-PASJ, le retour à la maison de Soumeylou entré en rebellion contre le parti, pourrait s’expliquer par l’imminence d’un possible remaniement ministériel. D’ailleurs, entre autres sujets abordés lors de la réunion du mercredi, il y avait ce sujet.
Or cette question semble intéresser Soumeylou qui se plaint d’être au chômage depuis l’arrivée d’ATT au pouvoir. Toutes les promesses de nomination de l’homme comme superministre, ministre d’Etat ou diplomate ne seraient pas tenues. Mais ce qui aurait le plus soulevé le courroux du 1er vice-président du CE, c’est le fait qu’on tarderait à le nommer Premier ministre.
Dans tous les cas, à l’ADEMA, on en veut à Soumeylou de vouloir embarquer le parti dans une guerre qu’il mène contre ATT, son ami. Or, il est cité parmi ceux qui ont appelé à voter pour l’actuel locataire de Koulouba. Et la jeunesse du parti se souvient de sa phrase tenue à son domicile à Darsalam.
Aux jeunes venus le féliciter pour son fair-play après sa défaite à la Convention nationale, le ministre des Forces Armées et des Anciens Combattants d’alors leur aurait dit en substance: “Il faut penser déjà aux législatives”. Des propos qui voulaient tout dire quant à son soutien au Général contre son ami Soumaïla Cissé, non moins candidat investi de l’ADEMA.
Comme on le constate, Soumeylou ne serait pas en train de comprendre que malgré son engagement pour la cause de ATT en 2002, il reste au chômage. La seule récompense obtenue est la présidence de la commission d’organisation de la CEN-SAD.
ATT accepterait-il de lui faire quelque chose à l’occasion d’un possible remaniement ministériel ?
Oumar SIDIBE
12 mai 2006.