Le congrès très mouvementé du Parti Africain pour la Solidarité et la Justice a vécu. Durant trois voire quatre jours, du 24 au 27 octobre, la République retenait son souffle puisque rares sont ceux qui pouvaient parier sur l’issue favorable de ce forum.
La République retenait son souffle parce qu’également ce sont des ministres, des chefs d’institution, des cadres de la haute administration, y compris ceux de Koulouba, qui étaient engagés dans la tenue du 4ème congrès ordinaire de l’ADEMA dont ils sont membres.
La République retenait son souffle dans la mesure où un clash au sein de la ruche rejaillirait infailliblement, sur le fonctionnement des institutions et de la démocratie au Mali.
Le forum de l’ADEMA a donc suscité un intérêt certain au sein de l’opinion publique. Quels sont les hommes et les femmes qui ont marqué cette rencontre quadriennale des abeilles ? Comment l’ont-ils vécu ?
Cet événement de fin d’année présage des difficultés ultérieures que la plus grande formation politique du pays est appelée à gérer. Cependant, il faut reconnaître que sans des hommes et des femmes, engagés, ambitieux «d’améliorer le fonctionnement du parti», le spectacle auquel nous avions assisté n’aurait pas été possible. Ces personnalités de l’ADEMA ont marqué le congrès et l’esprit des participants.
Au-delà de Dioncounda Traoré que les auteurs du putsch manqué ont voulu éjecter, il faut en convenir, le tout nouveau premier Vice-président, Ibrahima N’Diaye, Vice-Premier ministre du gouvernement, a incontestablement marqué le congrès pour avoir, dans un premier temps, tenté de récupérer le fauteuil du président de l’ADEMA. Avant de s’arc-bouter sur la première vice-présidence.
Il est réputé être un homme trop ambitieux qui ne recule devant rien pour assouvir ses prétentions. Sa fermeté pour s’asseoir dans le fauteuil laissé vacant par Soumeylou Boubèye Maïga, a fortement contribué au blocage intervenu dans la composition du nouveau Comité Exécutif. Il a dû croiser le fer avec Tiémoko Sangaré durant plusieurs heures et finalement, il a eu gain de cause.
Le ministre de l’Agriculture, le désormais troisième vice-président, a également occupé le devant du congrès. Il tenait à «adjointer» Dioncounda Traoré. Il s’est buté au non catégorique de Iba. Il s’est ensuite rabattu sur le poste suivant. Là également, le ministre Sékou Diakité, déjà positionné, a vigoureusement combattu son collègue du gouvernement à tel point qu’il y a eu une passe d’armes entre eux. Le Secrétaire à la communication et aux NTIC du Bureau sortant s’est imposé à la deuxième vice-présidence.
Le ministre du Développement Social a donc émergé avec cette belle promotion. Tiémoko Sangaré a finalement jeté son dévolu sur la troisième vice-présidence. Personne ne lui a contesté ce poste à part, peut-être Mandé Sidibé qui occupait ce fauteuil et qui a été classé à la cinquième vice-présidence. Cela pourrait expliquer sa démission du Comité Exécutif, aussitôt que la liste du Bureau eut été lu en plénière au congrès. Ce départ de Mandé Sidibé a permis à Soumeylou Boubèye Maïga d’être mieux classé (5ème) car il était initialement le titulaire de la 7ème vice-présidence.
Mme Conté Fatoumata Doumbia, avec la sixième vice-présidence a accepté que Boubèye soit son devancier. Cette femme a joué un rôle déterminant dans la mise en place du Comité Exécutif. Elle était parmi le quatuor responsabilisé avant la commission d’investiture pour proposer au Secrétariat Permanent du parti, un Bureau provisoire.
Considérée généralement comme une va-t-en -guerre, Mme Conté s’est muée, au cours de ces assisses, en agnelle. Son attitude à vouloir rapprocher les positions antagoniques a permis d’alléger l’atmosphère pesante du CICB.
Que dire de Soumana Mory Coulibaly, déterminé le jour de l’ouverture du congrès à faire partir Dioncounda Traoré. Tout au long du congrès, le tout nouveau 7ème vice-président s’est montré dynamique et volontariste.
Membre de la fameuse commission restreinte (le quatuor) Zoumana Mory Coulibaly s’est fait remarquer à travers les nombreux conciliabules et surtout à la clôture du congrès où il a bousculé de maître de cérémonie, Kalifa Abba Dicko pour incompétence avérée avant de lire avec éloquence la liste des 80 membres du Comité Exécutif et deux des commissions spécialisées. Auparavant, il avait de l’eau dans son vin, ce qui a beaucoup favorisé le maintien de Dioncounda Traoré à son poste.
Que dire également de Yacouba Diallo, donné au départ candidat comme d’autres à la présidence du parti. Il semble qu’il ait voulu seulement secouer le cocotier et que par la suite, il s’est aligné derrière Dioncounda Traoré. Avant de jouer à fond la carte de l’apaisement, de l’unité des abeilles.
C’est dans cette optique que Yacouba Diallo, initialement classé 10ème vice-président a cédé son fauteuil au professeur Ali Nouhoum Diallo, prévu à la queue des vice-présidents, le douzième. Le PDG de l’ACI a donc accepté avec humilité à prendre le dernier poste au niveau des vice-présidents. A cause de ce geste, Il a été fortement applaudi par les congressistes.
Un autre responsable qui a marqué ce congrès, c’est bien Abdoul Karim Konaté dit Ampé, président de la coordination régionale de Mopti. Ce dernier a fortement contribué à l’élection du professeur Ali Nouhoum Diallo (bien applaudi par la salle) que les auteurs du putsch manqué ont voulu contraindre à la retraite politique, à travers un poste de président d’honneur. Il nous est revenu que Dioncounda Traoré a appuyé les efforts de Ampé, finalement couronnés de succès.
L’enfant discret de Koro, désormais Secrétaire général adjoint du Comité Exécutif est bien entouré avec des personnalités comme Ousmane Sy, le tout nouveau Secrétaire politique, Timoré Toulenta, Secrétaire chargé des élus, Moustapha Dicko, Secrétaire aux relations extérieures et bien d’autres.
Enfin, il faut noter que l’honorable Assarid Ag Imbarcawane a retenu l’attention des participants au forum. Président de la commission statuts et règlement intérieur, Assarid Ag Imbarcawane a exposé avec brio les nouveaux textes avant de prendre part à l’éventration du complot mort-né, destiné à faire partir Dioncounda Traoré. A suivre.
Quelques recommandations du 4e Congrès
– Invite le Comité Exécutif à s’atteler immédiatement à la préparation des élections communales de 2009 ;
– Demande au Comité Exécutif d’instruire à toutes les structures du Parti à accorder aux femmes et aux jeunes du Parti une représentativité quantitative et qualitative sur les listes de nos candidats aux prochaines élections communales ;
– Exhorte le Comité Exécutif à préparer, dans les meilleurs délais, les Congrès du mouvement des Femmes et des Jeunes ADEMA ;
– Recommande au Comité Exécutif d’instruire aux Sections la possibilité de faire des alliances avec d’autres forces politiques nationales lors des prochaines élections communales dans l’intérêt supérieur du pays et du Parti ;
– Invite le Comité Exécutif à entreprendre, sans délais, des missions dans les sections afin de mesurer la santé du Parti ;
– Invite le Comité Exécutif à commencer les travaux de construction du siège du Parti à Bamako ;
– Exhorte le Comité Exécutif, les Sections, les S/Sections, les Comités à sanctionner toute forme d’achat de conscience de nos militants afin de sauvegarder les valeurs essentielles qui ont constitué le fondement de la création de notre Parti ;
– Exhorte tous les organes du Parti à mener une lutte sans arrêt contre la fraude électorale lors des échéances de 2009 ;
– Demande à tous les Partis politiques de s’efforcer à respecter et à faire respecter par tous leurs militants le code de conduite qu’ils ont volontairement signé en 2007 ;
– Invite les Sections à préparer immédiatement les prochaines élections et à respecter scrupuleusement les instructions du Comité Exécutif en la matière ;
– Encourage toutes les Structures (Comités, Sous-Sections et Sections) du Parti dans la poursuite de l’élargissement de la base du Parti (adhésions) ;
– Recommande aux Sections d’encourager l’émergence des femmes et des jeunes du Parti dans la gestion de nos 703 Communes ;
– Demande aux Sections de rendre régulièrement compte au Comité Exécutif de leurs activités à travers l’envoi des Procès-verbaux ;
– Félicite toutes les Sections du Parti pour les résultats obtenus lors des élections communales de 2004, des élections des Conseillers Nationaux, des élections présidentielles et Législatives de 2007 ;
– Les engage à rester mobilisées pour assurer la victoire du Parti lors des élections communales de 2009 ;
– Exige des sections à entreprendre sans délai des missions de mobilisation des militants dans leurs Sous-Sections.
Chahana TAKIOU
29 octobre 2008