De sa création à nos jours, l’Adéma demeure l’une des formations politiques les mieux implantées sur le territoire. Après avoir dirigé le pays pendant une décennie, l’Adéma est à la croisée des chemins entre incompréhensions et intolérances des militants au sommet.
L’Adéma/PASJ est l’aboutissement des longues années de luttes, ouvertes ou clandestines, de patriotes maliens pour une société démocratique, de justice sociale et de développement harmonieux. Tout a commencé le 19 novembre 1968 quand un groupe d’officiers de l’Armée nationale, au nom d’un Comité militaire de libération nationale (CMLN), s’empare du pouvoir en renversant le régime du président Modibo Kéita, premier président de la République.
Vingt-trois ans durant, le pouvoir militaire allait briller par son refus de toute opposition, son refus de tolérer tout mouvement indépendant à caractère syndical ou tout simplement de luttes pour les valeurs démocratiques. Le 20 novembre 1968, un appel dans ce sens avait été lancé par le Parti malien des travailleurs (PMT). Ce parti avait, en outre, initié, sur le front social et culturel, certaines activités dont la mission, à travers la science et la culture, était l’éveil de conscience des intellectuels et autres travailleurs.
La nécessité d’une unité d’action des forces démocratiques et patriotiques du Mali, pour l’avènement d’une société juste et démocratique, amenait alors trois organisations : le Parti malien des travailleurs (PMT), le Parti malien pour la révolution et la démocratie (PMRD) et le Front démocratique et populaire malien (FDPM) à se rencontrer à Thiaroye (Sénégal), le 20 janvier 1986, pour mettre en place un front unitaire dénommé Front national démocratique et populaire (FNDP).
C’est suite à cette volonté et à la nécessité, pour les partis clandestins, d’avoir une façade légale sous forme d’associations démocratiques que fut créé l’Adéma association. L’émergence de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma) fut rendue possible grâce à l’adhésion des patriotes à l’idée de l’unité d’action des forces démocratiques. Au sein de l’Alliance, on notait six composantes majeures.
Il s’agit tout d’abord de l’Union soudanaise/Rassemblement démocratique africain (US-RDA), le parti de l’indépendance, suspendu à la suite du coup d’Etat, ses principaux leaders avaient été emprisonnés par le régime militaire. Entré en clandestinité, ce parti ne fera aucun compromis ni avec le CMLN ni avec l’UDPM.
Géant aux pieds d’argile ?
Le Parti malien pour la révolution et la démocratie (PMDR), composé majoritairement de jeunes cadres issus des rangs de l’US-RDA. Il poursuivra l’œuvre de ce parti sous cette dénomination. Le Parti malien du travail (PMT), d’obédience marxiste-léniniste, il était déjà, avant le coup d’Etat de 1968, en semi clandestinité.
Le Front démocratique et populaire malien (FDPM), composé d’opposants maliens résidant à l’extérieur et d’exilés politiques, de patriotes indépendants qui n’ont jamais appartenu à un groupe clandestin mais qui furent présents sur tous les fronts de la lutte politique et syndicale.
Enfin toutes ces Maliennes et tous ces Maliens acquis aux valeurs fondamentales de la liberté et de la démocratie qui n’ont jamais choisi la clandestinité et qui se sont battus au quotidien pour faire aboutir la lutte commune.
Après la chute du régime militaire le 26 mars 1991, l’Adéma, qui était jusque-là une association, est érigée en parti. Le Parti africain pour la solidarité et la justice est né le 25 mai 1991 avec à sa tête Alpha Oumar Konaré. Celui-ci devient, à la suite d’élections, le président de la IIIe République en 1992. Il sera réélu pour un second et dernier mandat en 1997 conformément à la Constitution de février 1992.
De sa création à nos jours, le parti aura été l’une des formations politiques la mieux implantée sur le territoire. Après avoir dirigé le pays pendant une décennie, l’Adéma est à la croisée des chemins entre incompréhensions et intolérances des militants au sommet. A la présidentielle de 2002, Soumaila Cissé est officiellement candidat du parti, mais contre toute attente, d’autres membres du comité exécutif du parti vont se porter candidat.
Le parti est fragilisé, car dépourvu de l’un de ses dirigeants charismatiques en l’occurrence Ibrahim Boubacar Kéita président du parti considéré à l’époque par une certaine opinion comme le candidat naturel et successeur d’Alpha Oumar Konaré, a fini par jeter l’éponge suite à la « clanisation ».
Malgré tout Soumaïla Cissé arrive au 2e tour contre ATT, qui a remporté finalement la victoire. Comme on pouvait s’y attendre l’Adéma venait d’accoucher pour la 2e fois aux forceps : l’URD est créée par Soumaïla Cissé après le RPM d’IBK.
Ce qui fera qu’en 2007, l’Adéma, mal inspirée et faute de leaders charismatiques, n’était pas partante pour présidentielle, ouvrant la voie d’un second mandat à ATT.
Idrissa Sako
23 Octobre 2008