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C’est ainsi que le maire du District de Bamako M. Moussa Badoulaye Traoré a souhaité la bienvenue à tous les participants au nom des autorités locales et des habitants de la capitale malienne. Il a salué et félicité l’Assemblée Parlementaire Paritaire, notamment pour la mise en oeuvre des conventions de Yaoundé, de Lomé et des Accords de Cotonou et sa défense des valeurs communes de l’humanité à savoir la démocratie et les droits de l’homme. Parlant de Bamako, il dira que c’est une cité riche de par son histoire. Créée au 16è siècle, elle compte aujourd’hui 1.400.000 habitants, a-t-il dit.

Mme Klein Knops co-présidente de l’AP indiquera que la 9è session constitue une étape décisive dans les relations entre les pays ACP et l’Union Européenne. Pour elle, les Objectifs de Développement du Millénaire ne peuvent se réaliser sans faire de progrès économiques notables. Elle a expliqué que 2005 est une année charnière étant donné qu’en septembre prochain à New York, il sera question de faire l’évaluation des Objectifs du Millénaire de Développement.

En créant le parlement ACP, cela permettra aux pays pauvres de faire un consensus autour de certains thèmes. « Nous vivons dans un monde dangereux, sans voix, marginalisé, où les femmes souffrent et où plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour avec une espérance de vie de 48 ans », a-t-ele poursuivi. Le paludisme, le VIH/Sida, la mortalité infantile font plus d’un million de victimes par an, a-t-elle indiqué. Klein Knops indiquera qu’il est bien possible d’amorcer le développement. Elle a donné des exemples encourageants notamment en Tanzanie avec la construction de 300.000 classes, à Cuba où le sida est presque maîtrisé et le taux de mortalité infantile inférieur à celui des USA (6% contre 7%).

Elle ajoutera qu’il existe une constante commune à tous les pays les moins avancés à savoir le taux bas de la scolarisation, la santé vulnérable des populations. Selon elle, la dette des Pays les Moins Avancés (PMA) est supérieure au budget de l’éducation et de la santé, toutes choses qui compliquent le financement de projets capables d’engendrer le développement. A cet effet, dira-t-elle, l’allègement de la dette permet aux pays ACP de faire face à un certain nombre de problèmes. Comme exemple, elle dira que grâce à l’allègement de sa dette, le Mali a pu recruter 5000 enseignants.

Elle a révélé les thèmes principaux qui seront débattus, à savoir la filière du coton malien, la désertification du fleuve Niger, les accords de partenariat économique. Parlant de l’insécurité en Afrique, elle dira que les rapports des Nations Unies sont accablants sur les Grands Lacs, le Darfour et le Congo.

Quant à Mme Sharon Hay Webster également co-présidente de l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE, elle indiquera que les assises de Bamako marquent l’entrée en vigueur de la Charte des pays ACP. Elle a souhaité la création d’une zone de libre échange entre la CEDEAO et l’UEMOA et la facilitation de l’accès aux marchés extérieurs pour les pays pauvres. Elle s’est indignée de la baisse de la croissance économique de 6 à 7% à 2,8% à la veille des Accords de Cotonou.

Parlant du coton malien, elle indiquera qu’il y a une injustice, étant donné que les cotonculteurs sont les plus grands perdants. Les produits comme la banane, le sucre subissent le même sort. Pour Mme Sharon Hau Webster, l’Union européenne doit tenir compte des contraintes auxquelles font face les pays pauvres afin de leur apporter des aides conséquentes.

Le président de l’Assemblée Nationale du Mali, Ibrahim Boubacar Kéïta s’est félicité de la tenue de la 9è session de l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE à Bamako. Le Mali figure sur la liste des pays les plus pauvres sur la base des données statistiques disponibles, mais dispose d’importantes potentialités dans le secteur agricole, de l’élevage, du tourisme et des mines dont l’exploitation rationnelle pourrait contribuer à une réduction substantielle de la pauvreté, a-t-il indiqué.

Il s’agit a-t-il dit, de mettre en valeur 400.000 hectares à l’Office du Niger pour que le Mali soit capable d’assurer la couverture des besoins en riz de l’Afrique de l’Ouest. Aussi, a-t-il ajouté, dans la zone cotonnière CMDT, avec une production record de plus de 600 000 tonnes de coton graine en 2003-2004, le Mali s’est propulsé au 1er rang des pays africains producteurs de coton. Il a évoqué la baisse drastique des cours mondiaux ayant annihilé les sacrifices de cotonculteurs.

Dans le domaine minier, a-t-il ajouté, le Mali a réalisé des progrès appréciables qui lui ont permis de se classer au 3è rang en Afrique après l’Afrique du Sud et le Ghana et le tissu industriel est encore embryonnaire avec une contribution au Produit Intérieur Brut (PIB) inférieure à 10% excluant l’industrie minière. Il a rappelé que la coopération entre le Mali et l’Union Européenne date de 1958, notamment dans les secteurs prioritaires que sont l’agriculture, l’élevage, le transport, la décentralisation, l’éducation et la santé.

La revue à mi-parcours du 9è FED (Fonds européen pour le développement) a permis d’engranger des ressources supplémentaires, a-t-il indiqué. Et d’ajouter que les réunions à cette assemblée sont toujours l’occasion de débats ouverts et francs sur les priorités de développement au moment où l’Union Européenne est en train de fixer les siennes.

Pour le président de l’Assemblée nationale du Mali, la 9è session de l’Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE coïncide avec les négociations des Accords de Partenariat Economique (APE) au moment où la phase régionale est amorcée dans les six régions ACP, les Accords de Cotonou dont les travaux sont en cours de finalisation, la reprise attendue des négociations avec l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les nouvelles initiatives, politiques de l’Union européenne, la signature de la charte portant création de l’Assemblée constitutive du parlement ACP.

Parlant de la révision de l’Accord de Cotonou prévue par l’article 95, elle est justifiée par une série d’événements à savoir l’élargissement de l’Union européenne à 25 Etats membres, la mise en place d’un nouveau parlement et d’une nouvelle commission, l’adoption d’une nouvelle constitution pour l’Europe et les discussions pour définir les perspectives financières de l’UE pour la période 2007-2013. Il ne s’agit pas de mettre en cause l’Accord de Cotonou dont la durée est de 20 ans, mais de l’adapter aux circonstances d’un monde en constante mutation.

Il a appelé l’Union Européenne à concrétiser certains engagements ou initiatives politiques récents pris notamment en matière de sécurité internationale, à améliorer les modalités de mise en oeuvre de l’aide dans un souci de renforcement de l’efficacité de la coopération et à oeuvrer en faveur de l’harmonisation des procédures et modes régissant les relations de l’Union avec les pays en développement.

ATT INTERPELLE L’UE

Dans son allocution d’ouverture, le Président de la République S.E Amadou Toumani Touré s’est félicité de la tenue d’un tel événement grandiose à Bamako. Pour lui, la relation ACP-UE constitue un modèle unique au monde, le soutien marqué d’un groupe de pays développés en faveur de pays en développement soulignant fortement le lien entre la démocratie et le progrès économique.

Cependant, force est de reconnaître que le rythme des évolutions politiques est bien plus rapide que la cadence du développement économique au sein des pays ACP, a-t-il déclaré. Et d’indiquer que le défi des jeunes démocraties est de concilier la pérennisation des acquis politiques et l’impatience des populations quant à la réalisation de leurs aspirations.

Abondant dans le même sens que ses prédécesseurs, il a évoqué les principaux thèmes de la 9è session de l’APP ACP-UE. Pour lui, environ 15 millions d’Africains de l’Ouest et du Centre vivent du coton dont 3 millions et demi de maliens. Il a déploré que le Mali transforme moins de 3% de son coton.

« Notre ambition est de porter de 10 à 15% la transformation locale dans le moyen terme », a-t-il déclaré et d’ajouter : « On ne fabrique pas un tee-shirt à Bamako, ce qui nous prive de toute valeur ajoutée, source d’emplois et de richesses ». Il a soulevé par ailleurs, la question de la sécurité alimentaire qui n’existe pas parmi les thèmes retenus. C’est ainsi qu’il évoquera l’invasion acridienne qui a frappé les pays de l’Afrique Subsaharienne durant l’hivernage passé, réduisant fortement la production agricole.

L’Union européenne a apporté sa contribution en finances et en matériel, mais selon ATT, c’était une aide tardive. D’où il demandera à l’Union européenne de faire des aides à temps pour amenuiser les effets pervers des crises. Il a évoqué les conflits en Afrique auxquels il faut trouver des solutions pour la stabilité du continent et, pour finir, il a appelé les parlementaires des pays ACP et de l’UE à plus de détermination et d’engagement.

Salifou BANGALI

19 avril 2005