Dans le cadre des missions qui lui sont dévolues, la Brigade des mœurs a, le jeudi 15 juillet, interpellé cinq Chinois. Ces derniers ont été par la suite enfermés au motif d’entretenir des chambres de passe. Pour la présidente des tenanciers chinois, rien ne justifie leur interpellation. Elle crie à l’acharnement. Les cinq Chinois ont été déférés devant le juge le vendredi dernier et libérés sous caution.
La ronde du jeudi passé fait suite à la descente que les éléments de la Brigade des moeurs ont effectué au mois de février dans différents établissements hôteliers et bars-restaurants de Bamako. « Cette troisième opération, selon le commissaire divisionnaire Ami Kane, était de constater si les promoteurs de ces établissements continuaient à exploiter les chambres de passe. Malheureusement, il se trouve que quelques établissements persistent dans cette pratique qui jure avec notre coutume, de même qu’avec les préceptes de toutes les religions. Pire, les mineurs fréquentent ces établissements au vu et su de leurs promoteurs ».
En février, sur les 280 établissements visités par la Brigade des mœurs, 90 avaient un total de 650 chambres de passe et six maisons closes.
Ces établissements, selon Ami Kane, ont été fermés et les promoteurs présentés devant le procureur. Ces derniers temps, affirme-t-elle, la Brigade des mœurs a constaté que les établissements qui exploitent les chambres de passe ne cessent de proliférer et que les mineurs fréquentent de plus en plus ces lieux.
Aussi, tient-elle à attirer l’attention des parents puisque c’est dans de tels lieux que se vend la drogue et que se pratiquent la délinquance, la pédophilie et le banditisme. « Malheureusement, déplore-t-elle, les promoteurs de ces établissements ne font rien pour empêcher les mineurs de les fréquenter. Cependant, il ne faut pas que les gens pensent que les étrangers sont les seuls visés. Depuis février les Maliens se sont ressaisis, ce sont les étrangers qui persistent encore dans cette pratique et nous sommes obligés de les interpeller« .
Pour la représentante des tenanciers des bars chinois, « rien ne justifie la détention des cinq Chinois. Pas une seule fois on a attrapé un mineur dans l’un de nos établissements« . Concernant les cinq Chinois interpellés, elle affirme: « les policiers sont venus avec des convocations, et ces derniers se sont présentés à la Brigade des mœurs. C’est là qu’on leur a signifié que les mineurs fréquentent leurs établissements. Ils ont refusé de signer le procès-verbal écrit dans une langue qu’ils ne maîtrisent pas, lequel faisait d’ailleurs état de la fréquentation des mineurs dans leurs établissements. Les autorisations nous ont été officiellement délivrées par l’OMATHO et nous recevons leur visite deux fois par mois. Nous ne comprenons pas les visites intempestives de la Brigade des mœurs. Aujourd’hui, tous les Chinois vivent dans la hantise, la peur de se voir coller, par la Brigade des mœurs, un motif quelconque et d’être enfermés« .
Les cinq Chinois ont été présentés devant le juge le vendredi dernier et libérés sous caution. Grâce à l’intervention du ministre des Affaires étrangères, officiellement saisi par l’ambassade de Chine au Mali, selon la représentante des tenanciers chinois.
Pierre Fo’o MEDJO
19 juin 2006