Longtemps resté l’apanage de l’Université, le commerce des brochures par des enseignants s’impose comme une activité lucrative au seul profit des enseignants. Le phénomène a fait son apparition dans des lycées de la capitale, dont La Lanterne. Là-bas, un professeur de biologie est accusé de se livrer à cette activité au grand dam des élèves.
La vente des brochures est devenue l’activité favorite de certains professeurs de l’enseignement supérieur.
Dans nos Facultés et grandes écoles, des enseignants n’hésitent pas à exiger des étudiants l’achat de leur document au risque d’un ajournement pur et simple. Le phénomène qui est bien connu des autorités scolaires et universitaires commence à s’installer aujourd’hui dans les établissements d’enseignement secondaire.
Il y a quelques jours, certains élèves du Lycée La Lanterne ont dénoncé l’attitude d’un de leurs professeurs de biologie.
Celui-ci aurait interdit à des élèves qui n’ont pas voulu acheter sa brochure de suivre son cours.
Mme Traoré, puisque c’est d’elle qu’il s’agit est accusée par certains élèves et parents d’élèves de confectionner des brochures qu’elle cède aux élèves au prix de 5000 F CFA.
« Mme chasse tous ceux qui n’achètent pas sa brochure », a accusé un élève de la SHT (Sciences humaines terminale). Et d’ajouter que dans sa classe qui compte un effectif de 60 élèves Mme Traoré a l’habitude de chasser la majorité de la classe qui ne disposait pas sa fameuse brochure.
Au regard de la gravité des accusations, nous avons rencontré l’intéressée au Lycée La Lanterne. Le professeur de biologie a nié en bloc les accusations formulées contre elle. Mme Traoré à démenti n’avoir jamais exclu un élève pour quelques raisons que ce soit.
Cependant, notre enseignante reconnaît avoir confectionné depuis l’année dernière des brochures pour les élèves de 10e Sciences au prix de 4000 F CFA. Cette année aussi, elle confirme avoir produit des brochures au profit des élèves de la SHT qui, précise-t-elle, doivent être, à partir de cette année, évalués dans sa matière lors de la session du baccalauréat conformément à la reforme des lycées introduite l’année dernière.
Lacunes
Mme Traoré a tenu à préciser que sa démarche est « pédagogique ». Elle indique qu’elle a pris l’initiative de produire des brochures à cause du faible niveau des élèves. « Je vous assure que la plupart des élèves ont du mal à prendre note quand je dicte la leçon.
Ceux qui arrivent à le faire sont soit très lents ou ont un sérieux problème d’orthographe », a expliqué l’enseignante qui avoue avoir été même tentée de recopier la leçon au tableau. Certains élèves que nous avons interrogés sur place, ont affirmé que ceux qui possèdent la brochure n’ont pas besoin de recopier la leçon, tant les explications sont claires dans la brochure.
« A partir de la brochure, nous étudions les cours chapitre par chapitre. Et les différents croquis sont interprétés », explique un élève de la SHT.
Par ailleurs, l’accusée regrette le fait que les autorités introduisent de nouvelles matières dans les examens sans procéder à un réaménagement horaire.
Avec un volume horaire de deux heures par semaine en SHT, Mme Traoré estime que ceux qui sont chargés d’enseigner la biologie doivent faire preuve d’imagination afin de se faire comprendre davantage par les élèves. Donc avec les brochures, notre interlocutrice assure qu’elle arrive à offrir une explication détaillée et précise à ses élèves.
Professeur de biologie, Mme Traoré se targue d’être une enseignante de métier sortie de l’Ecole normale supérieure (EN-sup) depuis 1987. Elle dispense également des cours au lycée Massa Makan Diabaté.
Le contrôleur général du Lycée La Lanterne, Abdoul Karim Keita a réaffirmé que la direction de son établissement ne va jamais autoriser ses enseignants à s’adonner au commerce anarchique des brochures.
Il a indiqué que sa direction veillera à la préservation du droit des élèves.
Le ministère en charge de l’Education de l’Alphabétisation et des Langues nationales doit s’intéresser à la question et réglementer la vente des documents dans l’espace scolaire.
Amadou Waïgalo
02 Décembre 2010.