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Le 18 mars dernier, le Premier ministre (PM) a rencontré tous les partenaires de l’école à la primature. Il ressort dans son discours, ces termes : accusateur, dénonciateur et provocateur. La méthode utilisée par le PM est conforme à sa formation de policier. Il rencontre chaque partenaire de façon séparée et dans des salles différentes. Cherche-t-il un criminel ou l’arme du crime ?

La recherche d’une solution durable à la crise actuelle impose au Premier ministre Modibo Sidibé de rencontrer tous les partenaires ensemble. Cette méthode utilisée cache bien les insuffisances du gouvernement qui joue toujours au chat et à la souris.

Un discours provocateur : «notre école est devenue le théâtre de nombreux dysfonctionnements ; aucun parent, par quelque motif que ce soit ne doit capturer devant ses responsabilités de premier éducateur,… La démission grandissante de l’environnement familial face aux enfants est inadmissible ;… Nous sommes collectivement responsables de la situation actuelle».

Un discours dénonciateur : «mais il y a encore plus inquiétant. C’est la rupture de l’école d’avec ses valeurs cardinales ;… Rien ne doit nous faire accepter les comportements antipédagogiques qui ternissent l’image de l’éducateur;… Les élèves et étudiants doivent également se convaincre qu’ils sont les premiers perdants des années scolaires sans fin et des années qui se chevauchent ;… L’administration scolaire doit remplir toute sa mission avec fermeté».

Un discours provocateur : «les syndicats devront observer un moratoire sur tous les points n’ayant pas fait l’objet d’accord, suspendre pour mieux discuter dans un cadre global et cohérent».

Voilà les trois temps du discours du Premier ministre.

S’agissant du premier temps, les syndicats d’enseignants ont tenu à faire la mise au point en notifiant clairement au PM qu’il n’adhère pas à l’idée d’un moratoire ou d’une quelconque suspension de leur mot d’ordre.

Quant au forum proposé, ils peuvent s’y rendre pour discuter des problèmes de l’école mais il ne sera qu’un forum de plus.
Pourquoi le PM a-t-il attendu pendant tout ce temps pour agir ? Donc, à l’analyse de la situation, cette rencontre du PM avec les partenaires de l’école n’a pas apporté de solution à la crise de l’école actuelle.

Le grand blocage se situe au niveau de l’enseignement secondaire. C’est au niveau de cet ordre d’enseignement que les militants de la COSES (Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire) observent la rétention des notes depuis le 12 novembre 2007, la non évaluation et le boycott de toutes les compositions à compter du 10 décembre 2007.

La mise au point de la COSES

La conférence de presse animée par ce syndicat le mercredi dernier a édifié l’opinion publique. La résolution de la crise actuelle passe par l’octroi de l’indemnité de logement aux travailleurs de l’enseignement secondaire.

Selon les responsables de la COSES, la rencontre avec le Premier ministre Modibo Sidibé a été une rencontre de plus. La grande déception, c’est que le PM pense qu’il n’y a pas eu d’accord sur le point relatif à l’indemnité de logement. Ce point avait fait l’objet d’accord le 17 juillet dernier.

Une commission a été créée et a même rencontré les syndicats.
Quelle honte pour le gouvernement malien ? A quoi bon de signer les accords et refuser de ne pas les reconnaître ou les exécuter ?

Le ministre des Enseignements secondaire a été clair sur la position du gouvernement, en ces termes : «…Oui l’Etat est laxiste… S’il ne veut pas résoudre un problème, il propose la création d’une commission, une manière de noyer le poisson dans l’eau…».

Ce ministre d’Etat a le mérite d’avoir dit la vérité en dénonçant publiquement les pratiques immorales et peu orthodoxes du gouvernement malien. Aussi a-t-il montré son incapacité à résoudre les problèmes de l’école.

Toujours selon les responsables de la COSES, l’enseignant ne sera plus le martyr et la fonction enseignante a perdu va valeur sacerdotale à cause du contexte socioéconomique actuel ouvert sur le monde. Ce syndicat maintient son mot d’ordre de rétention des notes et de non-évaluation et de boycott des compositions.

L’octroi de l’indemnité de logement et la levée des obstacles juridiques pourront débloquer la situation au secondaire, soutenus par tous les syndicats d’enseignants et avec la détermination de tous ses militants.

Les propos du PM sont-ils sincères ? «Un métier si exigeant qu’aucune rémunération ne saurait compenser ;… le président de la République et son gouvernement sont conscients des conditions dans lesquelles travaillent les enseignants…»

Quelle moquerie ? Le Mali est le seul pays au monde où il a été interdit à un enseignant d’enseigner, une pratique propre aux monarques du Moyen âge. Une honte pour la démocratie et pour l’éducation.

Le forum proposé par Modibo Sidibé est une insulte pour ses prédécesseurs, une rencontre de plus qui coûtera cher au budget national. Où sont les conclusions de toutes les concertations locales, régionales et nationales sur l’école ?

Dans vos tiroirs !

Les problèmes de l’école sont connus de tous. Modibo Sidibé est arrivé au bon moment. Il a battu le record de longévité en temps que ministre au Mali depuis 1991 : 72 conseils des ministres sous la transition ; 480 conseils de ministres sous Alpha Oumar Konaré ; 240 au premier mandant de ATT en tant que secrétaire général de la présidence et 24 depuis le décret 07/383 du 3 octobre 2007 en tant que chef de gouvernement, soit un total de 816 conseils de ministres de mars 1991 à mars 2008 sont à l’actif de l’actuel PM. Pendant tout ce temps, on n’a pas parlé d’école.

Le peuple malien saura le juger. Les fora, les tables rondes sont des hauts lieux de bavardages inutiles. L’école malienne n’a jamais été une préoccupation des autorités actuelles. Aujourd’hui, la médiocratie s’est installée dans la haute sphère de l’administration malienne. Oui, on est entrain de faire la promotion des médiocres au Mali. Tiécoro Bagayogo n’a-t-il dit ceci : «un coup de piston vaut mieux que 100 ans d’études au Mali».

Le peuple a été témoin. Des individus qui défendent les valeurs de ce policier putschiste peuvent- ils gérer l’école ? Ce n’est pas une marche d’une poignée de femmes ou de mamans récupérées politiquement ou inféodées au pouvoir du général président qui pourra régler la crise actuelle de l’école.
Autour de nous, les patriotes marchent pour dénoncer l’injustice et les difficultés rencontrées par la population.
Il ne s’agit pas de sauver une année scolaire mais plutôt l’ÉCOLE MALIENNE.

B Z. COULIBALY

07 avril 2008.