« Les accords de partenariat économique : l’OMC en pire ? », tel est l’intitulé d’une campagne lancée, samedi au cours d’une conférence de presse à la Maison du partenariat, par Oxfam-France/Agir Ici en partenariat avec d’autres organisations dont la Coalition des alternatives dette et développement du Mali (CAD). Cette campagne vise à prévenir sur les dangers qu’encouraient les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique en signant les Accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne.
Aujourd’hui les négociations au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sont suspendues. L’impossibilité d’aboutir à un accord international fait ainsi planer la menace de la multiplication des accords commerciaux bilatéraux ou régionaux au détriment des pays les plus pauvres. C’est actuellement le cas des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) qui négocient avec l’Union européenne des Accords de partenariat économique.
C’est pourquoi Oxfam-France/Agir Ici, en partenariat avec le Groupe de recherches et d’échanges technologiques (Gret), les peuples solidaires du côté français, l’Agence de coopération et de recherche pour le développement, la Coalition des alternatives africaines dette et développement du côté africain, a lancé, samedi, une campagne pour « des accords commerciaux au service du développement ».
Elle a été marquée par une conférence de presse et un sketch, sous la houlette de F. C., sur les dangers de la mise en œuvre des Accords de partenariat économique ACP-UE.
Des accords empoisonnés et une nouvelle colonisation économique pour les uns, une compétition entre lapins et lions pour les autres, les qualificatifs n’ont pas manqué pour dénoncer le caractère injuste de ces accords.
Selon Caroline Mege d’Oxfam-France/Agir Ici, « les APE tels qu’ils sont négociés en ce moment sont loin d’être des outils au service du développement. L’ouverture des pays ACP aux produits européens aura des conséquences dramatiques sur l’activité et le revenu des producteurs locaux. Cela risque de freiner le potentiel de développement de l’industrie et de l’agriculture de ces pays et d’entraîner de nombreuses pertes d’emplois et une chute vertigineuse des droits de douane dans l’espace Cédéao ».
Contre l’injustice
Ainsi la campagne vise comme objectifs de garantir aux pays ACP la flexibilité suffisante pour protéger les secteurs essentiels à leur développement actuel et futur, d’accorder plus de temps aux négociations et à la mise en œuvre des accords, de veiller à la consultation effective de la société civile et à la validation des accords par les parlementaires de l’Union européenne et des pays ACP.
Elle vise également, selon la présidente de CAD Mali, Mme Barry Aminata Touré, à défendre le droit des pays ACP à définir leurs propres stratégies de développement.
« Notre marché n’est pas compétitif. Il faut arrêter les négociations et repousser la mise en œuvre des accords prévue pour janvier 2008. Il faut qu’on se prépare, car si l’on ajoute aux problèmes d’endettement la baisse des recettes c’est toujours la pauvreté qui va s’accentuer. Nous allons nous renforcer, interpeller le gouvernement, le ministre des Finances, les négociateurs pour qu’on arrête la signature de ces accords qui mettent nos économies dans une situation catastrophique », a-t-elle expliqué.
Le représentant de Oxfam-Mali, Mohamed Ag Ali, dira que cette campagne luttera contre une forme d’injustice à travers le monde : on veut transformer les pays en développement en pays de consommateurs.
Les temps forts de cette campagne seront la mobilisation des groupes locaux sur les APE en France lors de la Semaine de la solidarité internationale du 11 au 19 novembre, le Forum social mondial à Nairobi en janvier 2007, la remise des pétitions à la ministre du Commerce extérieur français, un séminaire national et divers actions de sensibilisation, de mobilisations des acteurs sociaux à Bamako, etc.
Sidiki Y. Dembélé
17 octobre 2006.