Cet accord signé par le ministre de l’Administration Territoriale, loin d’être une solution politique durable comme l’acquiesce l’Etat malien est plutôt perçu comme une solution éphémère et facile.
Pour nos compatriotes vivant en France, les problèmes de Kidal mis en avant ne sont qu’un faux prétexte, une face cachée de l’iceberg pour légitimer leurs actions. « Ils ne veulent nullement défendre l’intérêt de la région de Kidal. Ces rebelles ne songent qu’aux gains faciles qu’ils puisent du budget du contribuable malien« , s’indigne Amadou Doucouré.
Les rebelles ont reçu les plus belles récompenses, certains ont été nommés à des postes de hautes responsabilités sans diplôme, compétence, ni talent. Une pratique qui avait suscité la colère et la consternation de nos citoyens et beaucoup de remous à l’époque. « L’un accord ne tient en compte ni l’intérêt du Mali, ni celui des soldats loyalistes fidèles à la nation car leur sécurité est menacée par les mutins réintégrés. Ces mutins qui devraient être fusillés sur la place publique ont été accueillis comme des héros sans punition, encore moins un jugement« , renchérit Mohamed Sylla. Le seul souci de nos dirigeants était de redorer leur blason à l’extérieur, en disant qu’ils ont résolu le problème de la rébellion par le dialogue, mais à quel prix ? Il est illusoire de croire que cet accord mettra un point final à la rébellion. « Le pire ne fait que commencer car ces rebelles savent qu’ils sont devant un gouvernement peureux, qu’ils sont dans un pays d’impunité ou tuer pour imposer sa volonté n’est pas un crime, un Etat ou chacun fait ce qu’il veut en défendant son propre patrimoine. Un gouvernement incapable de prendre des décisions fermes pour résoudre des problèmes menaçant l’intégrité territoriale, la quiétude des populations« , explique en colère Séga Diallo.
Une chose est certaine, selon nos compatriotes, tant que les autorités maliennes n’agiront pas comme un Etat souverain, Fagaga et sa bande ne cesseront de tuer nos citoyens s’ils sont en cours de moyens financiers pour mener leur vie de luxe ou entretenir le reste du gang. En obtenant de l’Etat malien un régime fiscal spécial pour Kidal, la délocalisation des casernes pour leur permettre de bien asseoir leur gang, la création d’une unité spéciale composée essentiellement d’éléments issus des régions du Nord, le traitement avec amour et respect des mutins, les rebelles pourront prétendre à la création de « l’Etat de Kidal « .
Car ils ont déjà obtenu tout ce qui est indispensable à cette indépendance. « Chaque région du Mali a ses problèmes spécifiques mais aucune n’a daigné prendre une arme pour réclamer des améliorations.
Si Kidal est pauvre, ce n’est nullement un manque d’attention ; la présence de nombreuses ONG, des projets de développement en est la preuve« , proteste Oumar Kanouté. Pour lui, malgré les aléas climatiques, le nord Mali n’est pas en marge des actions de développement. Des manifestations, selon nos sources, seraient prévues à Paris pour protester contre la signature avec les rebelles de l’accord d’Alger.
Sako DOUMBIA correspondante à Paris
12 juillet 2006