Partager

La signature de l’accord d’Alger a été sentie par le peuple comme une reddition du pouvoir qui multiplie actuellement les manoeuvres pour le faire accepter.

Définitivement résolues, dans la nuit du 23 mai dernier l’étonnement de tout le pays a été grand d’apprendre l’attaque des camps de Kidal et de Tessalit suivi d’un vol massif d’armes et autres minutions avant de se retrancher dans des grottes de Tegharghat. La suite des événements est connue avec tout ce qu’il y a eu de déficit de communication des plus hautes autorités maliennes qui signeront par la suite, presque en catimini, le fameux accord dit d’Alger, le 4 juillet dernier.

Inutile de revenir sur l’émoi que la signature de ce document de la capitulation a entraîné au sein de la population favorable dans sa plus grande majorité à une sanction à la hauteur du forfait de ces
militaires-déserteurs qui plus est sont des récidivistes.

C’est donc contre vents et marées que les autorités maliennes ont signé cet accord après avoir visiblement eu la trouille d’affronter les mutins qui,suffisamment armés, n’attendaient plus que les militaires, déplacés à coût de milliards sur le front, ouvrent les hostilités. Finalement nos généraux ont surpris en signant le fameux accord déjà divulgué via internet.

Cette première étape passée, le Président de la République, le général Amadou Toumani Touré qui ne s’est jamais exprimé ouvertement au fin fond de la crise, comme l’ont fait les insurgés, surprend présentement par son extraordinaire empressement à chercher l’adhésion du peuple à cet accord qui est perçu comme un pronunciamiento.

En visite à Kita le mardi dernier, il a tenu à livrer à la face de la République le contenu de cet accord. Seulement, il n’est revenu que sur des choses déjà connues de tous. Son acte, visiblement, visait juste à convaincre les Maliens de l’absence de toute menace d’atteinte à l’intégrité du territoire. A Bamako, pendant le même temps c’est son interlocuteur désigné, un autre général, Kafougouna Koné qui tentait vainement de convaincre la classe politique malienne qu’il a rencontrée avant hier en lui distribuant des exemplaires de l’accord. Mais les politiciens se sont réservés de se prononcer sur le coup avant de mûrement l’étudier.

Dans cette vaste campagne de sensibilisation, les forces de sécurité aussi n’étaient pas oubliées. Elles ont eu droit le mardi dernier, au camp de gendarmerie de Faladié, à une séance d’information de l’accord d’Alger par le Colonel Sadio Gassama, ministre de la Sécurité et de la Protection Civile. Selon nos sources, à cette faveur, le ministre n’a distribué la parole que trois fois, alors que plusieurs doigts restaient levés réclamant la parole. Sur les préoccupations soulevées, la question sur les unités spéciales serait la plus grandement évoquée. Seulement les arguments du Colonel Gassama n’auraient pas été à la hauteur des craintes exprimées par les participants à la réunion de travail.
La question qui demeure posée est de savoir si les populations entendront les autorités de cette oreille là.
Dans tous les cas, ils sont nombreux ceux qui pensent que cet accord, pas plus que le pacte signé en 1992, ne constitue point une réponse pérenne à l’irrédentisme touareg. Cette situation persistera tant qu’au lieu de prendre des décisions courageuses, on s’évertue à trouver des solutions ponctuelles donc éphémères à cette crise.

Oumar Diamoye

13 juillet 2006