Particulièrement préoccupants sont les régimes tarifaires protectionnistes actuels qui font obstacle aux efforts des pays africains pour ajouter de la valeur à leur production.
Ainsi, les droits sur le cacao non transformé ne sont que de 0,5 pour cent dans l’Union européenne et nuls aux Etats-Unis et au Japon, tandis que pour le cacao semi-transformé, l’Union européenne impose un droit de 9,7 pour cent, les Etats-Unis, 0,2 pour cent et le Japon, 7 pour cent.
Si les Africains essaient de vendre des produits finis à base de cacao, des droits d’importation punitifs sont imposés 30,6 pour cent pour l’UE, 15,3 pour cent pour les Etats-Unis et 21,7 pour cent pour le Japon. Ces tarifs élevés empêchent les producteurs des pays en développement, notamment d’Afrique, d’accéder aux marchés des pays développés.
Il convient de noter également les tendances et l’évolution observées de la demande de produits agricoles, notamment en Europe et en Amérique du fait de l’évolution démographique et des préférences des consommateurs.
Les pays d’Afrique subsaharienne n’ont pas réussi à adapter leur production à la nouvelle demande. La libéralisation des échanges, la mobilité des capitaux et le développement technologique, notamment l’informatisation et les télécommunications, donnent pourtant aux pays africains la possibilité d’accéder aux marchés des pays développés.
Au niveau national, plusieurs pays ont établi des instances consultatives qui rassemblent des membres du secteur public et du secteur privé pour débattre de questions d’intérêt mutuel. En Zambie, par exemple, un Forum consultatif agricole a rassemblé de nombreux représentants du secteur privé.
Un certains nombre de pays de la région disposent également d’associations paysannes spécifiques dans des secteurs comme l’aviculture, l’horticulture, l’élevage laitier et d’autres, relevant souvent d’une organisation plus vaste.
Des exportateurs privés encouragent l’exportation de produits horticoles (fleurs, légumes et fruits tropicaux) d’Afrique de l’Est vers l’Europe et le Moyen-Orient, en facilitant leur commercialisation et en fournissant bien souvent des intrants aux cultivateurs. Tous ces systèmes encouragent des miliers de petits producteurs à produire davantage.
L’accès aux marchés et l’information sur les marchés sont des éléments indispensables à l’amélioration de la compétitivité sur les marchés tant internes qu’externes. La CEA, la COMESA et l’Autorité intergouvernementale sur le développement répondent à ce besoin en créant des systèmes d’information sur les marchés et d’alerte rapide.
Par exemple, la COMESA met en place le système FAMIS (Système d’information sur le marché des produits alimentaires et agricoles), le système régional d’information sur les marchés, et USAID finance un système analogue dit MIS (Système d’information sur les marchés) mis en oeuvre par le Centre international de développement des engrais et l’Afrique par le biais du projet régional MISTOWA pour l’Afrique de l’Ouest.
PRODUITS AYANT DE BONNES CHANCES DE SUCCES SUR LES MARCHES
A titre d’exemple, les produits suivants de l’agriculture africaine ont toutes leurs chances sur le marché mondial : café pour l’Afrique de l’Est, cacao, manioc et igname pour les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest et arachides pour l’Afrique de l’Ouest centrale et sahélienne, olives et blé pour l’Afrique du Nord, raisins, canne à sucre, légumes et tabac en Afrique australe, mil, sorgho, coton et arachides pour l’Afrique de l’Ouest sahélienne.
Le développement de marchés compétitifs privés, avec les institutions et les infrastructures d’appui nécessaires, notamment dans les zones rurales, ne peut que contribuer énormément à l’accroissement de la productivité et la qualité de la vie dans les pays en développement.
Au moment où les gouvernements réduisent leur rôle sur les marchés, les administrations publiques compétentes devraient s’attacher essentiellement à garantir le respect des normes de qualité et à mettre des marchés compétitifs à la portée des plus pauvres.
IMPORTANCE DE LA COLLABORATION ENTRE PARTIES PRENANTES
Au Mali, une participation plus active des parties prenantes grâce à des consultations et à la libéralisation du système de commercialisation a contribué à la multiplication par cinq de la production de riz au cours des 20 dernières années, avec une production totale de 930.000 tonnes en 2002.
Le pays est désormais capable de répondre à la quasi-totalité de sa demande intérieure. De même, en Guinée, la production de riz a plus que doublé au cours des 10 dernières années (845.000 tonnes en 2003 et assure 85 pour cent de la consommation intérieure totale.
LIENS AGRICULTEUR-MARCHE-AGRO-INDUSTRIE
Il s’agit de promouvoir et de renforcer les liens dans le secteur agro-industriel afin de réduire les coûts de transaction et de garantir des approvisionnements. Il faudrait encourager l’agriculture sous contrat, la commercialisation à terme, les récépissés d’entrepôts, le courtage en marchandises, les ventes aux enchères et d’autres stratégies commerciales, notamment par l’entremise des associations paysannes.
L’agriculture sous contrat est un mécanisme garantissant que les produits d’exportation répondent aux critères de qualité, de ponctualité, de régularité des approvisionnements, critères indispensables sur des marchés de plus en plus concurrentiels.
Si elle est bien gérée, l’agriculture sous contrat constitue une solution possible à certains des problèmes de développement du secteur agricole africain.
AGRICULTURE SOUS CONTRAT
L’agriculture sous contrat est pratiquée tant dans les pays développés que dans les pays en développement pour promouvoir la production agricole commerciale. Des études de cas réalisées au Kenya, en Zambie et en Afrique du Sud ont démontré les avantages de cette pratique, à savoir : meilleur accès des agriculteurs aux marchés internationaux et locaux, amélioration des revenus des agriculteurs, renforcement des liens des agriculteurs avec d’autres services, accès amélioré au crédit et aux intrants, réduction du coût unitaire de transport grâce à la mise en commun des produits, accès amélioré aux services de vulgarisation et de recherche et meilleure gestions des risques.
Daba Balla KEITA
Source : FAO
1er février 2006.