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Candidat à sa propre succession à la tête de l’Association des municipalités du Mali (AMM), Abdel Kader Sidibé critique la démarche de son parti à proposer un candidat. Une démarche, selon lui, contraire aux textes de l’AMM, qui est apolitique. Une interview exclusive accordée à notre reporter à Kayes au festival de Médine.

Les Échos : Vous êtes le maire de la Commune III et président sortant de l’AMM dont le renouvellement de mandat défraie la chronique. Comment devient-on président de l’AMM ?

Abdel Kader Sidibé : Je vous rectifie, je ne suis pas encore sorti et je ne suis pas un président sortant, je suis toujours président de l’AMM (rires). L’Association, de par son statut, est une organisation de la société civile, apolitique et laïque. Le statuts et règlement disent que ce sont les municipalités qui sont membres de l’association. Celles-ci sont représentées par leurs maires.

La nuance est importante. La municipalité est composée de plusieurs sensibilités et l’individu qui est le maire représente toutes ces sensibilités.
En me fondant sur les textes relatifs à la mise en place du bureau de l’AMM, le congrès met en place une commission d’investiture.

Cette commission recueille toutes les candidatures à différents postes et propose un projet de bureau. Ce projet de bureau peut être approuvé, amendé ou rejeté par le congrès.

En ce qui concerne le bureau que je préside, la commission d’investiture était composée de deux représentants maires de chaque cercle. Ils se sont réunis et ont recueilli toutes les candidatures en fixant un certain nombre de critères : l’opérationnalité du bureau, la représentation des différentes sensibilités et régions, etc.

Les Échos : Votre parti, l’Adéma/PASJ, table sur une candidature unique. Qu’en pensez-vous ?

A. K. S. : Les partis politiques ne peuvent pas choisir un candidat parce qu’ils ne sont pas membres de l’Association. Ce sont les adhérents de l’AMM qui choisissent les membres de leur bureau. Les partis peuvent avoir des ambitions et s’arrêtent à niveau. Un maire n’est pas le maire d’un parti.
Le parti peut demander à un de ses militants de proposer sa candidature et mener des discussions pour le soutenir. Ce n’est pas normal que le CE du parti se mette derrière une candidature.

Mais quand les partis se réunissent pour dire que nous allons relire les textes de l’Association, lui donner une vision partagée, mettre en place un bureau consensuel, je pense que c’est trop osé.

Les Échos : Il y a d’un côté une candidature initiée par des communes de la 3e région en faveur d’un candidat, la vôtre et celle proposée par votre parti. Cela ne fait-il pas un cocktail explosif ?

A. K. S. : Nous sommes en démocratie et heureusement qu’il y a des règle définies par les statuts et règlement intérieur. Je l’ai dit, les municipalités sont représentées par leurs maires au congrès et au congrès tout représentant est libre de proposer sa candidature. Tout revient à la commission d’investiture et au congrès qui fait son choix.

Les Échos : Le militant qui va à l’encontre de la ligne de conduite de son parti ne s’expose-t-il pas à des sanctions ?

A. K. S. : Cela peut se faire mais ce serait dommage. L’AMM est apolitique et est membre du Haut conseil national de la société civile. Le fait politique ne doit pas en imposer à l’Association bien qu’elle soit formée des militants des partis. Mais, il n’y a pas une seule association en République du Mali où il n’y a pas de militants de partis.

Les Échos : A quand finalement le fameux congrès de l’AMM ?

A. K. S. : Le congrès va se situer dans la deuxième quinzaine de mars 2010. L’AMM propose une date au ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales qui se conforme à l’emploi du temps du président de la République pour fixer une date. Mais au moment où je vous parle, nous n’avons pas encore reçu de date exacte.

Les Échos : Seriez-vous candidat contre vents et marées à votre propre succession ?

A. K. S. : Vraiment à cette question-là, je ne réponds pas (rires).

Propos recueillis, à Kayes, par

Abdrahamane Dicko

16 Février 2010.