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L’enlèvement, puis l’assassinat lâche de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes de Rfi, le 02 novembre 2013, à Kidal, continue de défrayer la chronique. Un dossier explosif qui aurait dû mettre fin à l’idylle entre la France et le Mouvement National de Libération de l’Azawad (Mnla), mais qui se gère aujourd’hui par les autorités françaises dans la plus grande confusion. Tant les commentaires et discours officiels entre l’Elysée, le Ministère de la Défense et le Parquet de Paris sont contradictoires. A croire que tout est mis en œuvre pour brouiller les pistes !

Pour rappel, dans le feu de l’action, soit quelques heures après la découverte des corps de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, une première version officielle des autorités françaises laissait entrevoir que les corps de nos deux confrères de Rfi étaient criblés de balles. Quelques instants après, comme pour rectifier le tir, Jean Ives Le Drian, Ministre de la Défense déclarait qu’ “ils sont plutôt morts, chacun d’une balle dans la tête…”

L’autre jour, c’était le tour du Parquet de Paris, par la voix du Procureur Général, de se fendre d’une supposée information de précision. Avec cette fois-ci un nouvel élément troublant versé dans le dossier: Ghislaine Dupont serait morte de trois balles, et Claude Verlon de sept balles dans le dos ! Que de contradictions donc, qui ne peuvent que pousser à la question de savoir où se trouve la vérité dans tout cela ?
La vérité, il n’y a aucun doute là-dessus, se trouve à Kidal. Comme le dit un adage de chez nouS, « une amitié basée sur du mensonge et de l’opportunisme finie toujours par la trahison”. Un adage qui se confirme aujourd’hui avec les déclarations d’un cadre du Mnla livrées dans les colonnes du journal “Le Monde”.

Ce responsable du Mnla affirme que le chef militaire, le désormais très discret Assane Fagaga, a informé à temps l’opération Serval de l’enlèvement de nos deux confrères de Rfi. A ses dires, le Mnla, qui était prêt à intervenir, aurait reçu l’ordre de ne pas bouger d’un pouce ! Et dire que les militaires français ont attendu près d’une heure avant de réagir… Pourquoi ? Allez savoir !
Même si le responsable un peu trop bavard du Mnla a sa petite réponse à cette question : “on nous aurait laissé intervenir, les otages ne seraient pas morts”.

Qui faut-il croire finalement dans cette affaire ? Les déclarations contradictoires des autorités françaises ? La version du parquet de Paris ? Les déclarations prétentieuses du Mnla ? Ou encore ce journal algérien qui croit savoir que Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été plutôt égorgés par leurs ravisseurs ? Et si l’Elysée ne nous a pas dit toute la vérité ? Cette fois-ci pour protéger ses “petits protégés” du Mnla avec lesquels la collusion est plus qu’avérée, les petits secrets de l’Elysée étant très difficiles à percer pour les non initiés. En effet, qui d’entre nous savait que l’actuel Ambassadeur de France au Mali était un intermédiaire entre l’Elysée et le Mnla, via le Qai d’orsey ?

Assane Sy DOLO

Le Soir de Bamako du 20 Novembre 2013