S’il y a un débat qui a secoué l’Adéma-PASJ, à la veille de la présidentielle de 2007, c’est bien celui relatif aux sanctions infligées au 1er vice-président, M. Soumeylou Boubèye Maïga, suspendu par le Comité Exécutif (CE), puis exclus du parti par la 9è conférence nationale.
En effet, le fait de contester la ligne du parti -qui avait expréssement fait le choix de soutenir la candidature du Président Amadou Toumani Touré en 2007-, en créant “Convergence 2007” pour soutenir sa propre candidature, a été interprété, par le Comité Exécutif, comme un “crime de lèse majesté” commis par Soumeylou Boubèye Maïga.
Pourtant, ce dernier n’était pas le seul à aller à contre-courant de la volonté du Comité Exécutif. En plus des cadres et militants ruchers qui ont pris leur mal en patience, il y avait aussi des réfractaires de l’Association pour la Démocratie et la Justice (ADJ) -dont le camarade Ahmed El Madani Diallo- qui avaient fini par rejoindre les rangs du Front pour la Démocratie et la République (FDR). Mais aucun d’eux n’a été inquiété pour autant, Ahmed El Madani Diallo encore moins.
Bien au contraire, tout s’est passé comme s’ils n’avaient rien fait du tout, pendant que le 1er vice-président, Soumeylou Boubèye Maïga, faisait l’objet de tous les mots et maux du monde. D’où deux façons différentes de gérer des problèmes à dénominateur commun : le travail fractionnel. Ce qui aurait incité certains observateurs à conclure de l’évidence d’une politique de “deux poids, deux mesures”, sinon des mesures, dans le parti de la Ruche.
Aussi, la conférence de presse de l’Adéma du 8 Novembre dernier aura permis, aux uns et aux autres, de remettre la question sur la table. Mais c’était aussi une occasion, pour le président du parti, M. Dioncounda Traoré, de se rattrapper, sionon se racheter, sur un sujet qui aura réussi à faire de lui un président partisan.
Dioncounda Traoré a donc raté de nouveau le coche, car ses explications se sont apparentées à une tentative de sape plutôt qu’à une réelle volonté de faire son mea culpa , voire celui du Comité Exécutif , sur une injustice qui crève l’oeil et qui eut une seule personne pour principale victime : Soumeylou Boubèye Maïga.
En effet, répondant à la question d’un confrère qui s’étonnait un peu du retour en force des revenants tels que Soumeylou Boubèye, Tiémoko Sangaré, Ahmed El Madani Diallo…, Dioncounda Traoré a vite fait de sortir du lot ce dernier cité qui, selon lui, n’est jamais parti de l’Adéma.
Pourtant -il faut insister là-dessus-, Soumeylou également n’est jamais parti de l’Adéma : il en a été tout simplement été chassé. Alors que d’autres ont commis la même faute pour laquelle il a été exclu du parti, sans en être inquiétés un seul instant.
En réaction à ce constat, Dioncounda Traoré reconnaît lui-même qu’Ahmed El Madani Diallo a tout autant fauté. “C’est vrai, El Madani a un peu glissé aussi ; mais il n’a pas eu à faire de manquement au Comité Exécutif, contrairement à Soumeylou Boubèye Maïga. Par ailleurs, ce qu’il faut savoir, c’est que tous ceux qui ont été sanctionnés l’ont été à la demande de leur section. La section de El Madani n’a pas demandé de sanction contre lui…”, s’est-t-il justifié.
Mais cela justifie-t-il, pour autant, le fait qu’Ahmed El Madani Diallo n’ait écopé aucune sanction, en dépit du compagnonnage qu’il a eu à faire avec le FDR? Cette justification, ou du moins, cette défense de El Madani par Dioncounda Traoré n’est-elle pas vraiment mince? Surtout quand on pense que non seulement le Comité Exécutif avait influencé la Section III du District, dans sa demande de sanction contre Soumeylou B Maïga, mais il a été aussi le premier à suspendre le 1er vice-président de toute activité du bureau.
De même, avec la reconduction de Soumeylou dans le nouveau Comité Exécutif, Dioncounda aura affirmé lui-même que le CE dispose de certaines prérogatives lui permettant d’agir en toute souveraineté. Cela est d’autant plus vrai que Soumeylou n’était pas délégué de la Commune III ; et c’est Comité Exécutif qui l’a proposé au poste qu’il occupe présentement, à savoir, celui du 5è vice-président.
Le constat n’est-il donc pas évident qu’en ce qui concerne le travail fractionnel, le Comité Exécutif pouvait et devait bel et bien sanctionner Ahmed El Madani Diallo ? Trouver donc une autre explication à la complaisance du CE vis-à-vis de El Madani Diallo relèverait tout simplement d’une fuite en avant du premier responsable du parti de la Ruche.
Cela est d’autant plus pertinent que bien des observateurs ont pensé et continuent de croire qu’Ahmed El Madani a fait pire que Soumeylou Boubèye Maïga. Ce dernier a eu l’élégance de compétir avec le candidat du parti, alors qu’Ahmed El Madani Diallo, qui n’était pourtant pas candidat, l’a combattu publiquement.
Mais puisque le vin est déjà tiré et bu, et que Soumeylou Boubèye est définitivement réhabilité, on peut volontiers refermer ce chapitre qui n’aura finalement réussi qu’à mettre inutilement le parti des Ruchers en ébullition, seulement pour l’intérêt exclusif de quelques-uns.
Adama S. DIALLO
11 Novembre 2008