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Christian Idrissa Diassana: «Nous n’avons pas encore accepté la démission du Substitut Malick Coulibaly» «Aucun des huissiers nommés par le ministre de la Justice n’a fait l’objet d’une condamnation définitive»

Le Directeur national de l’administration de la Justice, Christian Idrissa Diassana, a animé hier un point de presse au siège de sa structure à Bollé pour donner le point de vue de son département sur deux affaires qui ont défrayé la semaine dernière la chronique.

ll s’agit de l’affaire du Substitut du Procureur de la République de Kati, Malick Coulibaly, qui a déposé sa lettre de démission auprès du ministère de la Justice pour se soustraire à des pressions venant du Parquet et lui demandant de condamner un pauvre boucher dans une sombre affaire de veau accidenté qui était, à ses yeux, innocent.

La deuxième affaire dont la presse a fait ses choux gras est relative à la nomination, par arrêté du ministre de la Justice, d’une vingtaine d’huissiers de justice dont l’un se trouve être, selon les milieux proches des huissiers, condamné pour «crime de faux et usage de faux» et n’a même pas encore purgé sa peine. Sur la première affaire, le conférencier s’est gardé de tout commentaire se contentant de dire que le magistrat démissionnaire «est venu volontairement à sa fonction comme il peut aussi démissionner volontairement … Le dossier est en voie de traitement…nous n’avons pas encore accepté sa démission».

Quant à la deuxième affaire, il a affirmé qu’«après les investigations sur les nommés, nous n’avons constaté aucune condamnation définitive les concernant».

Pendant une demi-heure environ, le Directeur national de l’Administration de la Justice s’est attaché à donner l’éclairage du ministère de la Justice sur ces deux affaires, avant de lancer un appel à l’endroit de tous les juges et magistrats pour que «chacun reste dans ses limites». A la presse, il a demandé d’aider la Justice à travailler avec le peu de moyens dont elle dispose car, a-t-il dit, toute la famille judiciaire «a opté pour le nettoyage des écuries d’Augias. La Justice d’un pays est le reflet de la société. Si l’on s’attaque à celle-ci on s’attaque, ipso facto, à l’Etat» a-t-il martelé.

Sur un ton un tantinet comminatoire, il a demandé aux journalistes d’être très regardants sur la diffusion des informations, d’aller chercher les vraies informations auprès du ministère et de ses services déconcentrés.

Rappelons que la première affaire dont la presse nationale et internationale s’est emparée, la semaine dernière, est partie du traitement réservé à une banale affaire d’un veau qui avait été victime d’un accident de la circulation sur la route de Néguéla dans le cercle de Kati. Comme l’ont rapporté certains journaux de la place, le berger de service a décidé de vendre le veau en question – qui est sorti de l’accident avec une fracture au dos – à 10 000 FCFA à un certain Sakalbé Dicko, boucher de son état. Le marché fut conclu.

Mais sur la pression du propriétaire, un certain Dondu Daou, le berger sera obligé de payer 300 000 FCFA à celui-ci sous peine de poursuites judiciaires pour complicité de vol et recel d’animal volé. De fil en aiguille, le berger sera embastillé et au bout d’un mois, le Substitut Malick Coulibaly, qui était convaincu de l’innocence de Sakalbé Dicko, avait requis sa mise en liberté.

Une demande à laquelle le tribunal a accédé. Dans les minutes qui ont suivi cette décision du tribunal, il a reçu des instructions pour faire appel afin que le berger puisse rester en prison. Le Substitut Malick Coulibaly a préféré démissionner. On attend donc avec impatience le rapport du Directeur national de l’administration de la Justice sur ces affaires.


Yaya SIDIBE, Bandiougou DIABATE

09 Octobre 2008