Partager

Plus de dix ans après le lancement de ce grand forum par ceux qui pensent qu’un «autre monde est possible», ces objectifs sont loin d’être atteints. Les slogans et les méthodes de lutte des altermondialistes n’ont pas changé non plus. C’est par une marche grandiose et colorée que la rencontre de Belem a débuté. Les manifestants brandissaient, lors de la marche de lancement, des banderoles réclamant plus de justice pour les plus démunis à travers le monde.

Jusqu’au 2 février prochain, la dénonciation de « l’ordre mondial imposé par le grand capital », résonnera dans les rues de cette ville brésilienne de plus de 2 millions d’habitants. Cette année, les altermondialistes ont du grain à moudre. La crise alimentaire continue d’inquiéter, malgré les efforts de maints gouvernements dont le nôtre pour inscrire l’agriculture parmi les priorités. La crise financière bat son plein.

L’année qui vient de s’achever fut celle de la déroute du néolibéralisme triomphant. Les plus grandes citadelles de la finance sont tombées les unes après les autres, obligeant les gouvernements à voler à leur secours en mettant la main à la poche pour les renflouer financièrement. Chaque jour ou presque, une multinationale annonce des suppressions d’emplois par milliers.

Les ennuis du grand capital apportent de l’eau au moulin des altermondialistes qui crient leur opposition au libéralisme dans les rues de toues les villes du monde, depuis plus de 10 ans. «Attention, le capitalisme est un système dangereux de prédation qui fait le bonheur d’une minorité au détriment de milliers de malheureux », clament inlassablement les ténors du mouvement.

Si les altermondialistes ont eu peu d’oreilles attentives jusqu’ici, les événements de l’année dernière se sont chargés de démontrer que le néolibéralisme n’était pas une panacée contre le sous-développement.

En plus de la crise économique, un des thèmes forts de la rencontre de cette année à laquelle 100 000 personnes sont attendues, sera la défense de la nature comme source de vie pour la planète terre et pour tous les peuples du monde.

L’importance de cette thématique en Amérique latine explique que la journée du 28 janvier sera entièrement consacrée à la Pan-Amazonie qui regroupe 9 pays : la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l’Equateur, la Guyane française, la Guyana, le Pérou, le Surinam et le Venezuela. Le Comité international du Forum social mondial veut donner ainsi la possibilité aux peuples dits indigènes et afro-descendants défavorisés de l’Amérique latine, de se faire entendre.

A Belem, les activités du Forum social mondial se dérouleront à l’Université rurale et à l’Université fédérale. La participation africaine n’est pas aussi massive que lors des éditions précédentes.

Les ténors maliens du mouvement comme Aminata Dramane Traoré du Forum pour l’autre Mali, Ibrahim Coulibaly de l’Association des organisations paysannes (AOPP) sont de la rencontre. Mais de nombreux autres habitués du rendez-vous n’ont pas eu la possibilité d’effectuer le voyage, faute de financement.

Une responsable d’Enda Tiers-monde révèle par exemple que le gouvernement brésilien avait promis 30 billets d’avion à son organisation. Celle-ci n’a finalement obtenu que 8 tickets. C’est dire que la crise qui frappe le grand capital n’épargne pas non plus ses pourfendeurs.

B. TOURE

Envoyé spécial | Essor du 29 janvier 2009