«Souveraineté alimentaire et nutritionnelle, défis et perspectives pour un développement résilient», est le thème de la 5è session ordinaire de la 6è mandature du Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec), dont les travaux ont démarré depuis hier.
Durant 15 jours, les réflexions porteront sur les destinations à donner à l’apport budgétaire à ce secteur. La cérémonie d’ouverture était présidée par le président de l’institution, Yacouba Katilé, en présence de plusieurs ministres notamment celui de la Refondation de l’État chargé des Relations avec les Institutions, Ibrahim Ikassa Maïga.
La souveraineté alimentaire et nutritionnelle, résultante des deux premières est à concrétiser. Le président du Cesec a indiqué que son institution, creuset des masses laborieuses conscientes du Mali, n’aura accompagné la Transition dans ses efforts de rectification, de reconstruction, qu’en s’attelant à la réflexion et aux tâches de réalisation de la souveraineté alimentaire et nutritionnelle de notre pays.
Selon Yacouba Katilé, cette souveraineté est d’abord et avant tout, une production nationale et non des importations successives et ruineuses par le biais du commerce. «C’est cette pratique qui a fait de notre pays, le marché de l’agriculture de pays lointains comme ceux d’Asie, d’Amérique… et transformé en arrière-pays, des pays côtiers de l’Afrique occidentale alors qu’on était leur grenier», a-t-il expliqué.
Pour Yacouba Katilé, la souveraineté alimentaire et nutritionnelle telle que pensée par certains, passe actuellement par l’usage abondant d’engrais chimiques, ce qui fait de nous des dépendants des industries d’engrais. Évoquant les conséquences de cette dépendance inconvenable dans une souveraineté, Yacouba Katilé a cité la dégradation pédologique en quelques années, les pollutions d’air, d’eau souterraine et de surface de sol.
À ceux-ci, s’ajoutent l’usage des intrants chimiques, des pesticides, des herbicides qui certes peuvent augmenter les tonnages des récoltes sans grande qualité nutritive, mais occasionnent aussi les maladies en expansion dans notre pays. «La culture des fumures biologiques, support de l’agriculture biologique doit se faire au détriment des intrants, pesticides, herbicides ou de l’usage de semences modifiées», a dit le président du Cesec.
Yacouba Katilé a fait remarquer que quand on parle de souveraineté alimentaire et nutritionnelle, on doit aussi retenir l’élevage, la pêche et la cueillette. Selon lui, si moins d’intrants y sont nécessaires, l’absence de l’État favorise une déperdition des exportations incontrôlées du bétail sur pieds, des créations de filières karité, de mangues, de pommes…. qui contribuent à la cherté de la vie au mieux des cas, à l’inaccessibilité des produits, ressources de nos terres, ouvrages de nos masses laborieuses que le commerce draine vers l’étranger.
De plus, Yacouba Katilé a indiqué que la souveraineté alimentaire et nutritionnelle devait faire aussi l’objet de réflexion et de propositions de solutions à l’agriculture, l’élevage, la pisciculture et l’aquaculture péri-urbaine. «Il nous faut une agriculture saine, un élevage contrôlé, des investissements de transformation et de conservation, le contrôle chimique et financier des aliments nous venant de l’extérieur comme ceux de l’aviculture et de la pêche notamment», a-t-il suggéré.
Cependant, le premier responsable de l’institution dira que la faim ne doit être et demeurer une fatalité au Mali tant que nous disposons d’eau, du soleil et de la terre. Le prix à payer est l’ancrage de la lutte contre la faim dans l’inclusivité de toutes les forces du pays, a-t-il dit.
Mariétou KOITE
Source: L’Essor