Le quatrième Congrès de l’ADEMA-PASJ est annoncé pour les 24, 25 et 26 octobre prochain. Le renouvellement des organes est terminé à quelques exceptions près. A jour « J » moins 8, c’est le calme et la sérénité qui prévalent au sein de la ruche. Tous (Soumeylou Boubèye Maïga, Tiémogo Sangaré, Ibrahima N’Diaye, Sékou Diakité, Ali Nouhoum Diallo, Ousmane Sy…) sont unanimes pour accorder un deuxième mandat de quatre ans à Dioncounda Traoré, le président sortant, à travers un plébiscite. Il est considéré comme l’homme autour duquel l’unité du parti pourrait se reconstituer et se renforcer davantage. En vue de rafler beaucoup de sièges lors des communales de 2009 et bien sûr, au-delà de celles-ci.
La commission d’organisation, mise en place par le Comité Exécutif, est placée sous la présidence d’un homme fortement contesté par sa section, Kalifa Abba Dicko, un transfuge du RPM qui a longtemps servi à la Primature, comme chargé de mission de IBK. Avant de se retrouver au même poste, au niveau du ministère de l’Agriculture, au temps de «Seydou criquet».
Cette commission qui peine à retrouver ses marques est affaiblie par la position controversée de son président, décrié à Bamako-Coura comme étant un «gros paresseux». A part ce handicap qui pourrait se refléter sur la bonne marche des sous-commissions, tout semble être mis au point pour réussir un plébiscite de Dioncounda Traoré à la présidence du parti.
Si hier, il était contesté et traité de tous les noms d’oiseaux, aujourd’hui Dioncounda Traoré fait l’unanimité au sein du parti. Tous ceux qui comptent ou pèsent dans l’ADEMA (Soumeylou Boubèye Maïga, Tiémogo Sangaré, Ibrahim N’Diaye, Ali Nouhoum Diallo, Sékou Diakité, Marimanthia Diarra, Ousmane Sy, Mme Conté Fatoumata Doumbia, Zoumana Mory Coulibaly, Abdoul Karim Konaté, Moustapha Dicko, Assarid Ag Imbarcawane, Diala Danioko, Timoré Tioulenta, Mahamadou Cissé, Oumarou Ag Ibrahim, entre autres) sont d’accord afin que Dioncounda Traoré rempile pour la deuxième fois consécutive à la tête du parti. Il est considéré, à la limite, comme «l’enfant prodige» sans lequel l’unité des abeilles serait impossible au regard des ambitions démesurées des uns et des autres.
«Il nous faut tirer l’expérience du passé, éviter de créer dans le parti des courants pour accéder à des postes de responsabilité. Il nous faut également bannir la corruption et renforcer les valeurs fondatrices de notre parti que sont le travail, la justice et la solidarité. Pour nous, les places ne se cherchent, elles se méritent. Ce sont les camarades qui doivent dire que tel ou tel autre militant doit occuper un poste. Nous ne sommes pas de ceux qui courent derrière les postes. Et sincèrement j’estime pour ma part que Dioncounda peut continuer à diriger le parti malgré les erreurs commises, ça et là, au cours de son mandat écoulé. Le parti n’est pas assez mûr pour une saine concurrence à la tête du Comité Exécutif. Actuellement, Dioncounda est l’homme idéal a même de pouvoir conduire le parti vers les communales 2009 et les joutes électorales à venir», nous a confié un baron du parti qui a requis l’anonymat.
L’enfant de Nara est considéré dans l’opinion publique comme un homme chanceux qui ne se bat pas pour enlever un poste mais que c’est celui-ci qui lui tombe dessus. C’était le cas en 2000, au cours du Congrès extraordinaire, dignement combattu par Dioncounda Traoré et son cadet Ibrahim Boubacar Kéïta. Cette année là, ce sont les deux Soumaïla (Maïga et Cissé) qui avaient le vent en poupe et l’un deux aurait pu diriger le Comité Exécutif du PASJ. La suite est connue : Dioncounda Traoré, non demandeur, sera imposé par le grand manitou d’alors, le président Alpha Oumar Konaré.
Depuis, sa neutralité vis-à-vis des différents courants politiques, sa grande patience et sa capacité d’écoute ont fait de lui un homme incontournable au sein de la ruche. C’est ainsi qu’il s’abstiendra de prendre part aux primaires de 2001 devant choisir le candidat du parti à la présidentielle de l’année suivante.
Néanmoins, il les organisera avant de soutenir de toutes ses forces le candidat choisi, Soumaïla Cissé. Malgré les positions tranchées du président Konaré contre ce dernier, Dioncounda Traoré ne changera pas d’avis bien que nombre de ses camarades s’étaient déjà démarqués de l’enfant de Niafunké (Banikane Narhawa).
Difficilement manipulable, l’actuel président de l’Assemblée nationale est réputé être un homme de conviction, un homme simple, humble, un homme juste (l’actuel ministre de la Justice, Maharafa Traoré en sait quelque chose) guidé par des principes qui ne sont pas forcément partagés par les «béni-oui-oui» de l’ADEMA. Dieu seul sait s’ils sont nombreux et constituent la plaie du parti.
Dioncounda Traoré a toujours répété que «Unies, aucune formation politique ne pourra battre les abeilles». Le discours d’unité, de consolidation de la base des rouges et blancs qu’il a prôné depuis le départ d’IBK de la présidence du parti : «IBK a démissionné, l’ADEMA continue», est en train d’apporter ses fruits. Malgré les nombreuses démissions dont les plus importantes demeurent celles du groupe d’IBK et de Soumaïla Cissé.
Ce plébiscite vers lequel se dirige le président des rouges et blancs sera une consécration de la patience. Elle pourrait l’amener plus loin. Mais, nous ne sommes pas à ce niveau du débat. Car, avec l’ADEMA, aucun scénario n’est à écarter (le meilleur comme le pire pour les joutes électorales à venir).
A suivre.
Chahana TAKIOU
16 Octobre 2008