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En effet, sur un total de 46, une vingtaine de membres s’est démarquée du nouveau Bureau. Pourtant, pour les sages du BDIA, ce Bureau était consensuel. Comment en est-on arrivé là ?

Il fallait au cours de ce congrès procéder au remplacement d’Ibrahim Bocar Ba, président sortant qui, en raison de ses nouvelles fonctions (il est Ambassadeur du Mali auprès de l’Union Européenne), devait passer le témoin à un autre. Le président sortant a annoncé la couleur dès l’ouverture du Congrès : “Nous n’aurons aucune honte de dire ce que nous pouvons considérer comme des succès (le bilan du Bureau sortant) grâce à l’effort conjoint de tous et aussi les insuffisances constatées, à charge pour nos successeurs de les corriger.” Les dés étaient déjà lancés. Restait à savoir qui allait succéder à Ibrahim Bocar Ba.

Deux candidats étaient aux prises : Souleymane Makanba Doumbia et Djibril Souleymane N’Diaye, mari de Mme N’Diaye Fatoumata Coulibaly, ancienne ministre du Développement Social. Au finish, les délégués ont choisi Souleymane Makanba Doumbia.

Ce qui n’a pas été digéré par les partisans de Djibril Souleymane N’Diaye parmi lesquels il y avait Tiéoulé Mamadou Konaté, fils de feu Tiéoulé Mamadou Konaté et Mme N’Diaye Fatoumata Coulibaly, épouse du candidat malheureux. Ceux-ci ont donc présenté publiquement leur démission du nouveau Bureau.

Raison invoquée : divergences de vues. Toutes les tentatives de conciliation des sages du parti, en vue de faire parvenir les frondeurs à de meilleurs sentiments, se sont avérées vaines. La question qui se pose est de savoir si la défaite de M. N’Diaye peut, à elle seule, expliquer cette décision surprise. Les partisans du mari de l’ancienne ministre vont-t-elles regagner l’US/RDA ? Attendons de voir.

Pour Mme N’Diaye Fatoumata Coulibaly, il n’était pas question pour eux de rester dans un Bureau qui ne répondait pas à leur vision. Cette vision est-elle différente de celle du parti ? Selon Mme N’Diaye, il faut aujourd’hui un changement au sein du parti, autrement dit, que la vieille garde cède la place aux jeunes.

Un autre point de désaccord avec le nouveau Bureau serait le soutien du parti réaffirmé à Amadou Toumani Touré. Selon des dissidents, on ne saurait plus parler d’un quelconque soutien à ATT alors que ce dernier n’a aucun égard envers les cadres du parti.

En attendant, c’est le fils de Tiéoulé Mamadou Konaté qui est indexé d’être à l’origine de cette scission. Effet, celui-ci ne devrait pas se trouver à la base d’une quelconque scission au sein du BDIA. Pire, il semble que les intérêts personnels ont pris le pas sur ceux du parti. Certains se disent interloqués face aux agissements de Mme N’Diaye Fatoumata Coulibaly.

“Nous avions au sein du BEN refusé de proposer Ibrahim Bocar Ba comme ministre face à Mme N’Diaye. Ibrahim Bocar, qui s’est senti frustré, à l’époque, n’a pas démissionné du Bureau”, a laissé entendre un vieillard. De même, Sekou Diallo, qui était dans le bureau sortant vice-président, et qui se retrouve dans le nouveau Bureau au poste du Secrétaire Général adjoint, dira : “J’accepte ce poste par respect aux textes de mon parti, mais aussi par respect à la volonté des congressistes”.

Il dit ne pas comprendre pourquoi certaines personnes ont tendance à violer les textes dont elles ont elles-mêmes contribué à l’élaboration. Les textes ne sont-elles pas l’expression de la volonté populaire ?

Pour Ibrahim Bocar Ba, président sortant, il revient au président rentrant de gérer la crise. C’est ainsi qu’il a dit qu’en raison de l’audience du parti, de tels agissements sont incompréhensibles. Selon lui, il est inconcevable qu’un parti qui prône la constitution de grands ensembles se retrouve dans de tels problèmes.

Quant à Souleymane Makanba Doumbia, nouveau président du parti, il a affirmé que le 3è Congrès ordinaire du parti a été une réussite. Pour lui, il n’y a pas de dissidence. “Certains camarades ont estimé qu’ils ne peuvent pas rester dans le Bureau et ils ont décidé de démissionner, ce qui est de leur droit”, a-t-il martelé.

Mais ce qui est réel, c’est que la succession d’Ibrahim Bocar Ba pose déjà problème au BDIA. Le nouveau président saura-t-il gérer cette crise ? Les démissionnaires entendront-ils l’appel de l’US/RDA qui réclamait l’union de la grande famille RDA ? Ou quitteront-ils définitivement le parti pour créer une autre entité politique comme l’a fait l’UMP ? Affaire à suivre.

Adama S. DIALLO Stagiaire

31 mai 2005