Le député Koniba Sidibé est tout à fait fondé de s’interroger sur l’efficience de la bonne utilisation des fonds du Projet d’accroissement de la production agricole. En effet, selon le rapport de la commission du développement rural et de l’environnement de l’Assemblée nationale, l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM) est chargée d’assurer la mise à disposition des ressources financières du PAPAM. Selon le rapport, le coût total du Projet d’accroissement de la productivité agricole s’élève à 34.134.870.000 Fcfa.
Une telle manne mise à la disposition de l’APCAM dirigée par Bakary Togola, 4ème vice- président du Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES), peut légitimement susciter des interrogations, notamment sur la capacité de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture à gérer partialement ces fonds. Il faut signaler, d’après le rapport de la commission, que le prêt est consenti pour une durée de 40 ans, y compris un différé de 10 ans pendant lesquels seuls sont exigibles des intérêts et les commissions afférents au prêt.
Le Mali, indique-t-il, doit rembourser le montant du principal du prêt non encore remboursé en 60 versements égaux payables en dollars américains, le 15 avril et le 15 octobre de chaque année. Le remboursement s’effectuera au taux de 1% du 15 octobre 2020 au 15 avril 2030 et au taux de 2% l’an du 15 octobre 2030 au 15 avril 2050. Le rapport ajoute que notre pays doit verser des frais de service de trois quarts de un pour cent (3/4 de 1%) par an sur le solde retiré du prêt.
Toutes choses qui nous font craindre des interférences politiques pour une gestion efficiente de ces fonds. D’autant plus que cela pourrait laisser place à des conflits d’intérêt puisque le président de l’APCAM, Bakary Togola est 4ème vice-président du PDES. Or, l’APCAM devrait être un corps intermédiaire indépendant de toute pression politique et une interface entre les pouvoirs publics et les ruraux.
Le PAPAM
Dans son rapport, la commission du développement rural et de l’environnement a indiqué : ‘’l’agriculture constitue un secteur essentiel au Mali. Elle représente 37% du PIB et emploie 80% de la force totale de travail. Elle est également la source principale du niveau de développement économique et du bien être social du pays.
Malgré une rapide urbanisation, presque 70% de la population vivent à présent en zones rurales. ‘’ Malgré tout, a ajouté le rapport, notre pays se caractérise par une insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique liée à une pauvreté endémique. Les besoins nationaux actuels en matière de production céréalière, a-t-il mentionné, ne sont pas satisfaits à 100%, les importations majeures (y compris l’aide alimentaire) portent sur le riz en provenance de l’Asie, le blé et les produits laitiers.
La commission a souligné : ‘’la productivité des exploitants agricoles est très faible et la plupart d’entre elles sont sous-équipées pour permettre des pratiques agricoles modernes.
Le niveau de motorisation de l’agriculture est encore faible même si une quantité minime d’équipements motorisés est de plus en plus utilisée en zone office du Niger. L’usage d’intrants agricoles de base tels que les semences améliorées, les engrais, etc. est presque limité aux productions cotonnières et rizicoles.
Les pertes de récoltes demeurent élevées et des technologies post-récoltes sont encore très sous développées. Les investissements privés agricoles sont très faibles en zone rurale et cette situation est imputable à l’accès très limité aux crédits.
C’est dans ce contexte que le gouvernement du Mali a sollicité le concours de ses partenaires dont la Banque Mondiale, le FIDA, l’Union européenne et les Nations Unies pour financer les activités du projet d’accroissement de la productivité agricole au Mali (PAPAM) en vue de consolider les acquis du PASAOP et du PNIR. ‘’ L’objectif du projet, a souligné le rapport, est d’accroître la productivité des petits exploitants agricoles et producteurs agro-industriels dans les systèmes de production ciblés dans certaines régions du pays.
L’APCAM, a indiqué la commission, est responsable de la mise en œuvre de la composante 1 du projet : ‘’ transfert de technologie et prestation de services aux producteurs agricoles ; ‘’ Or, d’après le document cadre de gestion environnementale et sociale (CGES), du ministère de l’Agriculture, concernant les impacts positifs de la composante 1, ‘’l’identification, le montage et la réalisation de projets d’infrastructures de production agricole d’intérêt collectif, sont des processus particulièrement complexes, difficiles, parfois conflictuels, souvent longs à mettre en œuvre.
Cela s’explique notamment par les enjeux que représentent ces structures, la multiplicité des parties prenantes, la multiplicité et l’hétérogénéité des initiatives, les faiblesses dans le portage des projets, les faiblesses de la décentralisation, la diversité des approches.
Les infrastructures et équipements d’intérêt collectif post-récolte sont un important vecteur de développement des capacités, d’amélioration des conditions de vie et de revenus des producteurs. Toutefois, la mise en œuvre d’un important programme en la matière ne pourra se réaliser sans une approche structurée, cohérente, profitable pour tous les acteurs et équitable.
‘’ En fait, d’après le document CGES, les services du ministère de l’Agriculture concernés par les interventions du PAPAM sont : la cellule de planification et des statistiques du secteur du développement rural ; la direction nationale de l’agriculture ; la direction nationale du génie rural ; l’office de protection des végétaux ; le comité de la recherche agronomique ; l’office du Niger et l’APCAM. Il est donc surprenant que la dernière structure citée soit justement celle qui soit chargée d’assurer la mise à disposition des ressources financières.
Baba Dembélé
24 Décembre 2010.