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Comme à l’accoutumée, Rajae retournait de son travail. Elle n’a jamais imaginé être kidnappée, séquestrée et violée durant quatre jours dans un cabanon de Dar Bouâzza.

«Je ne dors plus, je ne mange plus, je ne travaille plus, je ne peux plus sortir de chez moi. Tout le monde me regarde d’un œil de travers, Monsieur le président». Une déclaration qui a touché toute l’assistance qui était présente, ce jour de février, à l’examen par la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, de ce dossier relatif au kidnapping, séquestration et viol collectif.

Rajae n’arrivait pas à retenir ses larmes quand elle racontait son histoire aux magistrats. Son ton et ses comportements prouvaient sa perturbation et sa nervosité. Elle parlait sans lancer le moindre regard aux trois ravisseurs, Khaled, Rachid et Saâd, qui se tenaient au box des accusés. « Nous étions, tous les trois, à bord de ma voiture quand cette fille faisait du stop…Je ne suis arrêté pour l’inviter de monter… », a expliqué Khaled à la Cour. Son ami Rachid a ajouté : « Je lui ai demandé où elle allait, elle m’a répondu qu’elle souhaite aller là où elle pourrait être à l’aise…».

Heureusement, Rajae était, sur ordre de la Cour, hors de la salle d’audience lors de l’interrogatoire des trois jeunes mis en cause. Sinon, elle aurait perdu connaissance en les entendant. «J’étais le premier à coucher avec elle…Elle n’était pas vierge et aucune goutte de sang n’a coulé… », a répondu Rachid à l’une des questions du président de la Cour. Qui a raison et qui a tort ?

À la fleur de l’âge, Rajae travaillait dans une unité de confection à Derb Ghallef à Casablanca. Elle se déplaçait de chez elle, à Derb Sultan jusqu’à son emploi et vice versa soit par bus, soit à bord du grand taxi. Quand elle n’avait plus d’argent pour prendre un moyen de transport, elle n’hésitait pas à emprunter ce chemin à pied. «Je marchais seule à pied…Au niveau de la faculté de médecine et de pharmacie, j’ai remarqué une voiture qui ralentissait… », a précisé Rajae lors de son témoignage devant la Cour.

À bord de la voiture, il y avait trois jeunes hommes, Khaled, Rachid et Saâd. La voiture s’est arrêtée. Rachid est descendu, a demandé à Rajae de les accompagner. Elle a aussitôt refusé. Il a à nouveau insisté. Elle s’est abstenue. Saâd est alors descendu de la voiture. Avec violence, Rachid l’a tirée par les cheveux. Saâd ne lui a pas laissé le temps de demander du secours. Il l’a poussée violemment à l’intérieur de l’arrière de la voiture. Ils ne se sont arrêtés qu’une fois devant un cabanon à Dar Bouâzza.

Rajae a été conduite à l’intérieur d’un cabanon appartenant à la famille de Khaled. Pendant toute la journée, Rachid violait la jeune fille. Le soir, c’était au tour de Khaled et Saâd. Ils l’ont séquestrée durant quatre jours avant qu’elle ne parvienne à s’enfuir par une fenêtre, profitant d’un moment où Rachid s’est plongé dans un profond sommeil. Elle courait à gauche et à droite sans savoir où elle était. Ce sont des écoliers qui lui ont indiqué le poste de la gendarmerie.

Arrêté, le trio a été condamné à 8 ans de réclusion criminelle chacun, assortis de dommages et intérêts de 35 mille dirhams qu’ils doivent verser en solidarité à la victime. Une somme qui ne réparera jamais les préjudices psychiques qu’elle a subies.

Maroc … Source : Aujourd’hui Le Maroc

24 mars 2008.