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Au cours du premier tour de scrutin des législatives, il a été constaté que la tenacité et la fureur de vaincre de certains candidats indépendants ont mis en difficulté, souvent en déroute, des candidats de partis, en dépit de leur expérience et de leur connaisance de la scène politique. Si bien que, pour leur barrer le chemin, certains barons de partis politiques seraient près à voler au secours de leurs “collègues et homologues” en situation délicate.

Autant dire que ces partis “sauveurs” ne se seraient pas seulement limités à cette détermination : ils auraient déjà invité les autres partis en compétition à se mobiliser, en vue de former un rempart contre ce qu’ils appellent “des dérives contre les principes démocratiques”. Selon eux, on ne peut parler de démocratie sans les partis politiques, ceux-là mêmes qui, avec d’autres forces vives de la nation, ont âprement combattu pour l’ouverture démocratique, et consacré la révolution du 26 mars 1991.

Pourtant, au sein de ces “forces vives de la nation” figurait la société civile, dont… des indépendants. C’est dire que la représentativité démocratique ou élective ne pourrait être le seul apanage des partis politiques ou de leurs acteurs. Du point de vue de certains dirigeants politiques, cependant, l’intrusion “forcée” des indépendants fausserait le jeu démocratique. A leurs dires, seuls les partis politiques ont vocation pour conquérir le pouvoir et, de ce fait, “le jeu politique doit s’accomplir au sein des partis politiques, et non dans la rue”. Une conviction partagée par des instances de bien des partis qui auraient émis le voeu de s’investir dans la même voie.

Pour eux, il s’agit d’équilibrer la balance républicaine, d’autant plus que ces partis politiques en difficulté, lors du premier tour des législatives, ont beaucoup contribué à l’avènement politique au Mali, selon les contestataires. Si bien qu’il serait injuste de les voir “se noyer sans leur porter secours”.
C’est dire que ces contestataires sont d’autant plus sincères dans leur décision qu’ils préfèreraient des gens de leur bord-fussent-ils issus d’autres partis- à des indépendants qui, selon eux, ne font pas partie de la “famille politique

Pourtant, un constat pertinent s’est établi au sein de la population et des électeurs: beaucoup d’indépendants qui se sont présentés au premier tour des législatives n’ont rien à envier à bien des candidats politiques.Et cela, malgré l’expérience dont se targuent bien de ces derniers. Et selon un électeur interrogé, “le fait de taxer les indépendants de candidats fantaisistes ou d’amateurs en politique relève d’une mauvaise tactique utilisée, par certains politiciens candidats, pour discréditer ces indépendants, aux yeux de l’opinion”. Et d’ajouter “ En fait, qu’est-ce qu’un bon politicien, si ce n’est quelqu’un qui se préoccupe réellement des intérêts du citoyen ? Qu’il soit indépendant ou non, n’importe quel citoyen peut donc le faire, pour peu qu’il y mette sa bonne foi”.

D’autres électeurs expliquent “la floraison” des indépendants sur le champ politique non seulement par le discrédit de maints candidats politiques, mais aussi par l’affaiblissement de l’action politique, dont les moindres effets sont le manque de projet de société viable (de la part des candidats dits politiques) et leur propension à vouloir le plus souvent sauvegarder leur statut électoral. Autant de raisons (entre autres) qui incitent les partis à resserrer leurs rangs, pour mettre les indépendants hors de la course et favoriser les candidats de partis.

Mais rien ne prouve que la tactique puisse réussir. Pour la bonne raison que les tenors politiques partisans d’une telle ambition prennent du risque. Non seulement du fait de l’instabilité actuelle des partis, due aux perspectives d’alliances (encore plus inattendues) lors du second tour, mais du fait que ce scrutin du 2e tour promet de réserver des surprises encore plus déroutantes.

Adama S DIALLO

17 juillet 2007.