Cette rencontre du Comité Technique selon le sous-Directeur régional marque le passage du flambeau de Johanesbourg à Bamako. En effet, la dernière Conférence Régionale de la FAO s’est tenue en juin 2004 à Johanesbourg en Afrique du Sud o¨ la FAO a rappelé aux dirigeants les Objectifs du Millénaire en ce qui concerne la réduction de la faim de moitié d’ici 2015. Deux ans après, la famine menace toujours l’Afrique où plus de 200 millions de personnes souffrent de malnutrition. L’Afrique est en ce moment sous la ménace de la grippe aviaire.
L’application des politiques et réglementations relatives aux biotechnologies dans la production alimentaire n’est pas encore effective ; la problématique des feux de brousse dans l’interface agriculture-foresterie se pose avec acuité. Quelle corrélation entre les réformes agraires, les politiques foncières et les Objectifs du Millénaire pour le Développement… Voilà autant de sujets dans la ligne de mire du Comité technique.
La vision de la FAO dont le credo est la construction d’un monde libéré de la faim est largement partagée de nos jours par plusieurs dirigeants africains l’objectif prioritaire étant d’assurer aux populations une alimentation saine et équilibrée dans le cadre d’une gestion durable des ressources naturelles.
Selon le ministre de l’Agriculture du Mali M. Seydou Traoré la réalisation de cet objectif exige non seulement la définition des politiques et programmes appropriés en phase avec les réalités spécifiques de chacun des pays mais aussi, il doit s’insérer dans l’économie mondiale, contribuant ainsi au renforcement de la coopération sous-régionale pour la consolidation de la sécurité alimentaire à travers les grands chantiers que sont le NEPAD, le Programme Détaillé de Développement Agricole de l’Afrique (PDDAA).
Le ministre Seydou Traoré témoigne que l’accompagnement de la FAO dans ces initiatives pour l’avènement d’une coopération Sud-Sud renovée et solidaire, son appui à l’élaboration et la mise à jour des stratégies nationales et sous-régionales de sécurité alimentaire n’a jamais fait défaut.
LE CARACTERE RURAL D’AFRIQUE, UN HANDICAP ?
C’est en l’an 2000 que plusieurs pays africains ont adopté la Déclaration du Millénaire pour la réduction de moitié de la faim et de la pauvrété à l’horizon 2015. A moins de 10 ans de cette échéance les indicateurs disponibles ne sont pas satisfaisants quant à la réalisation de l’objectif relatif à la faim qui touche encore de nos jours 852 millions de personnes dont 815 millions pour les pays en développement avec 25% pour l’Afrique subsaharienne.
Il a été établi que si le niveau global de la pauvreté a reculé en chiffres absolus passant de 1,2 milliard à 1,1 milliard et en pourcentage de 30 à 21% avec un score impressionnant pour la région de l’Asie du Sud Est, par contre en Afrique subsaharienne la pauvreté a plutôt augmenté entre 1990 et 2001.
Il est à déplorer que l’Afrique, malgré le caractère rural de sa population et de son économie, n’a pas totalement intégré les acquis de la révolution verte dans ses stratégies de développement alors que ceux-ci ont considérablement bouleversé l’agriculture en Asie. En Asie du Sud-Est, le paysan utilise 100 kg d’engrais par ha de terre arable alors que l’agriculture africaine en utilise 9 et les pays industrialisés près de 200. En outre, moins de 10% des terres arables sont irrigées en Afrique, contre près de 40% en Asie.
DE LA BIOTECHNOLOGIE DANS L’AGRICULTURE AFRICAINE
Les spécialistes de la FAO, pensent que la sécurité alimentaire dépend en partie de la sécurité semencière. Mais ce qui pose problème en Afrique c’est l’accès aux semences de qualité. C’est là où nos chercheurs sont interpellés.
L’un des objectifs visés par la rencontre du comité technique est d’améliorer les systèmes semenciers, dans le cadre du plan d’action mondial et du traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture
LA FAO COMME ORGANISATION DETENTRICE D’UN SAVOIR
La question qui se pose pour l’avenir est de savoir comment la FAO peut répondre aux besoins de ses publics. En tant qu' »organisation détentrice d’un savoir« , elle devrait développer et renforcer ses politiques, processus et pratiques par l’acquisition, la création, la saisie, le partage et l’exploitation des informations et des connaissances, où qu’elles se trouvent, et renforcer l’apprentissage et les résultats de l’organisation dans la poursuite de ses objectifs stratégiques.
Cela devrait comporter la mise en place d’une plate-forme de gestion des connaissances ayant une incidence sur la manière dont le personnel de la FAO effectue son travail, que celui-ci soit de nature technique, normative, qu’il appuie le rôle d’instance neutre de la FAO, ou qu’il consiste à mobiliser des ressources ou à dispenser des avis sur les politiques.
Daba Balla KEITA
ATTEINDRE L’OBJECTIF DE SECURITE ALIMENTAIRE
Le Mali doit saisir l’opportunité de la réunion de la FAO
Le Mali abrite la 24ème conférence régionale de la FAO pour l’Afrique du 30 janvier au 3 février. Cette rencontre est d’importance capitale pour le Mali, à l’instar de plusieurs autres pays africains frappés ces années-ci par l’insécurité alimentaire. Le Mali, en accueillant un tel événement, doit tout mettre en oeuvre pour en tirer le maximum de profit en terme d’expertise. A cet effet, les experts et spécialistes maliens, tout comme les autorités de tutelle, se doivent de profiter de cette rencontre d’envergure pour renforcer leurs capacités en matière de développement durable sur fond de recherche de réponses appropriées aux problèmes auxquels notre pays, à travers son agriculture est confronté.
Ne pas adopter cette approche stratégique de la conférence régionale qui se déroule en ce moment dans notre pays, c’est rater le coche. Or cela est inadmissible eu égard aux énormes difficultés rencontrées au cours de l’année écoulée par les autorités du pays, mais aussi par les populations du fait de l’insécurité alimentaire dont on attribue l’essentiel des causes à la nature, à des facteurs indépendants de la volonté de l’homme.
Cependant, force est de constater que la FAO, bien avant l’invasion acridienne, avait tiré sur la sonnette d’alarme. Avait-on cru a cette alerte? Etait-ce parce qu’on n’avait pas les moyens en terme de ressources financières et de logistique pour prendre les devants face à une telle calamité naturelle?
En tout cas, malgré l’alerte, nous avons semblé surpris par les événements. C’est pour cette raison que les pouvoirs publics, notamment le département en charge de l’agriculture, de même que le Commissariat à la Sécurité Alimentaire ont eu du mal à freiner l’avancée des criquets pèlerins dans un premier temps.
UNE SOLIDARITE AGISSANTE CONTRE L’INVASION ACRIDIENNE
Un apport majeur dans le dispositif de lutte anti-acridienne est venu de la solidarité de pays amis et frères ayant mesuré les conséquences drastiques qu’une invasion acridienne pourrait avoir sur la vie des populations.
La synergie entre l’aide financière, les dons en nature, en logistique de ces pays et les efforts déployés de toutes parts à l’intérieur du pays par les autorités, certaines sociétés, institutions, renforcée par l’appui financier des Maliens de la diaspora, a été indispensable pour mettre un frein à cette crise.
Mais cela n’a pas empêché le renchérissement des prix des denrées alimentaires sur l’ensemble du marché national, une situation envenimée par une insuffisante et mauvaise repartition de la pluviométrie, selon les explications officielles.
EVITER LES ERREURS DU PASSE
Il faut éviter qu’une situation du genre se répète dans notre pays. Pour ce faire, seule une mesure préventive permet d’atteindre un tel objectif. Tant au Mali qu’à l’étranger, les spécialistes en agriculture estiment que le Mali peut atteindre la sécurité alimentaire.
Des potentialités énormes existent et la représentante résidente de la FAO Mariam Mahamat Nour l’a reconnu au cours de la présentation d’un bilan des actions de l’organisation en faveur de notre pays. Elle a dit en substance : Le Mali, avec ses immenses potentialités en eau, peut atteindre sa sécurité alimentaire. Comment peut-on effectivement l’atteindre? La réponse à cette question fondamentale doit être au coeur des préoccupations au cours de cette conférence régionale.
Espérons simplement que nos décideurs parviennent à saisir l’opportunité. Pour ce faire, il existe d’énormes potentialités hydro-agro-pastorales qu’il faudra explorer et exploiter le maximum possible.
Il ne s’agit donc pas de miracle en tant que tel à partir de la baguette magique, mais de poser des actes concrets de développement économique harmonieux et durable. Les actions, dans ce sens, doivent essentiellement s’appuyer sur la surveillance du phénomène invasion acridienne, mais aussi sur le renforcement des dispositifs de maîtrise de l’eau sans lesquels notre agriculture sera continuellement à la merci des caprices de la nature.
DE GROS EFFORTS, MAIS TOUJOURS INSUFFISANTS
La Loi d’Orientation Agricole est l’instrument privilégié du président de la République pour le développement du secteur de l’agriculture au Mali.
Le processus en cours depuis l’arrivée aux affaires d’ATT consacre une grande part à la réalisation des ouvrages de maîtrise de l’eau. Ce qui participe activement à la mise en oeuvre d’actions durables permettant de créer les conditions de la sécurité alimentaire.
S’agissant des potentialités dans le domaine agricole, elles sont énormes, en raison tant de l’existence d’importantes superficies cultivables, mais aussi de ressources en eau.
En ce moment, il y a surtout lieu de prospecter des approches plus scientifiques de développement du secteur agricole. C’est à cette seule condition que les pouvoirs publics maliens pourront transcender et de façon durable les problèmes liés à l’insécurité alimentaire.
Moussa SOW
31 janvier 2006.