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Si la mission du Cnid/Association est de faire en sorte que la démocratie se conforte, son président d’honneur, qui était face à la presse hier à l’occasion du 20e anniversaire du mouvement, reconnaît avoir conscience qu’il y a eu des avancées depuis le 26 mars 1991 mais qu’il existe encore de nombreux obstacles pour la bonne marche de la démocratie au Mali. Le point sur les griefs de Me Tall à la IIIe République.

Première association politique dans notre pays depuis un certain 18 octobre 1990, le Cnid/Association fait partie de ceux qui ont engagé à visage découvert le combat démocratique au Mali. Pour le lancement des activités de son 20e anniversaire, l’association a organisé lundi au siège du parti du Soleil levant une conférence de presse animée par son président d’honneur Me Mountaga Tall. Il y a quelque 20 ans, le Cnid/Association a combattu sans relâche jusqu’à la chute du régime de Moussa Traoré.

Organisateur de plusieurs conférences, meetings et autres marches de protestations, le Cnid/Association a battu le pavé le 10 décembre 1990 et le lendemain 11 décembre c’était la marche réprimée de Ségou. Ce n’est pas tout : le 17 novembre 1990 le Cnid/Association a remis à GMT une lettre de protestation. Mais deux décennies après, il a l’impression que le 26 mars 1991 semble être oublié par nombre de camarades parce que, estime-t-il, « ils en parlent de moins en moins dans leurs discours« .

Mieux, le président d’honneur du Cnid/Association se demande si les hommes qui ont été au centre de la lutte démocratique ont la même conviction, la même détermination, le même engagement que par le passé. Selon Me Mountaga Tall, il y a eu certes des avancées à l’ère de la démocratie mais, nuance-t-il, « nous avons conscience qu’il y a des obstacles, voire des reculs pour notre démocratie« . Se montrant fidèle à sa conviction, Me Tall qui aimait tant le slogan « Kokadjé » qui a presque disparu a admis que la corruption à grande échelle gangrène notre pays.


Des plaies béantes

Il a également pointé du doigt les élections qui sont émaillées, selon lui de fraudes qui mettent en doute la crédibilité des institutions de la République. Sur ce point, Me Tall rappelle que la presse dans son ensemble a décrié les conditions d’organisation des dernières élections dans notre pays. Un fait également approuvé par le président de la Cour constitutionnelle qui avait solennellement déclaré que les élections de 2007 ont été entachées d’irrégularités.

Que dire de l’école qui va à vau l’eau ? Me Tall estime que celle-ci « doit passer avant tout et le reste après ». Sans se prononcer ouvertement s’il est satisfait de la démocratie sous ATT, le président d’honneur du Cnid association, laisse entendre que « les Maliens ont une capacité de patience et d’encaissement. Mais les Maliens ont souffert ces dernières années » avant de lâcher : « il se passe des choses gravissimes pour notre démocratie ».

Si l’on en croit Me Tall la corruption et la fraude électorale à outrance constituent les plaies béantes du système démocratique malien. « La honte que nous avons aujourd’hui est la honte pour la démocratie au Mali. La gêne que nous avons est pour la démocratie », a-t-il commenté. La réforme constitutionnelle, la réconciliation nationale ont été effleurées par le conférencier.

Mohamed Daou

19 Octobre 2010