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Organisée par l’Association pour le développement du cercle de Nara (ADECNA) avec l’appui du ministère de l’artisanat et du tourisme, la première édition du festival de Ouagadou vient de se dérouler à Nara, localité située à 380 km au nord-est de Bamako.

Rendez-vous du donner et du recevoir, ce premier coup d’essai a été un coup de maître à cause d’une mobilisation sans pareille et la richesse culturelle que les populations ont montrées.

En effet, pendant les trois jours du festival les populations du cercle de Nara ont pris d’assaut les différents sites dont le principal était la grande place publique située au cœur de la ville dans le quartier Koulouba en face de l’ancienne prison.

Pas moins de 10 000 personnes ont assisté à la cérémonie d’ouverture ce vendredi 28 avril dans l’après midi. Durant le festival, le jour comme la nuit, cette place ne désemplissait pas de monde.

Exposition de produits artisanaux d’un côté et manifestations folkloriques de l’autre avec des troupes venues des localités comme Falou, Goumbou, Mourdiah, danse maure, masques et tomos, et surtout la célèbre « armée rouge ».

Cette dernière est une présentation des scénarios de lutte traditionnelle de l’empire du Ouagadou par les jeunes guerriers, armés de fusils. Les cantatrices Djalou Bamba et Tita Koné ont tenu en haleine les festivaliers.

Selon les populations elles -mêmes, jamais autant de mobilisation n’avait été enregistrée dans la ville de Nara.

Si cette forte mobilisation est à mettre à l’actif des organisateurs, de l’adhésion des autorités elle a du moins rassuré le ministre de l’artisanat et du tourisme, N’Diaye Ba, le gouverneur de Koulikoro, Mamadou Issa Tapo, les députés du cercle et tout ce beau monde venu pour la cause, qu’ils se sont appropriés cette rencontre culturelle qui était très attendue dans le cercle depuis une année.

En effet, l’idée d’un festival est né un 28 avril 2005 lors du passage du ministre N’Diaye Bah à Nara où les artisans locaux avaient sollicité l’organisation d’une foire exposition pouvant leur permettre de faire découvrir les produits locaux.

C’est alors que le ministre N’Diaya Ba avait promis une manifestation plus grandiose pouvant permettre de mettre sur orbite les richesses culturelles, artistiques et artisanales de tout le cercle.

Juste une année après, la promesse est devenue une réalité. Le festival de Ouagadou a vécu dans une symbiose parfaite. Des milliers de festivaliers venus des 11 communes du cercle, du reste du pays, de la Mauritanie voisine et des ressortissants de Nara à l’étranger ont côtoyé, partagé et admiré ce que Nara a de plus cher, c’est-à-dire sa riche culture tirée de son passé historique.

En effet, le festival du Ouagadou est une référence à ce grand empire noir fondé au 8ème siècle par l’empereur Kaya Maghan Cissé, maître de l’or.

Nara fait partie de ce Ouagadou qui signifiait pays des troupeaux et qui était le berceau de l’empire du Ghana dont les fondateurs furent les Soninkés de la région de Nara.

Couvrant une superficie de 30 000 km2 soit environ le tiers de la région de Koulikoro, Nara est aujourd’hui un cercle cosmopolite où cohabitent en parfaite symbiose plus de 200 000 âmes comprenant Soninkés, Peulhs, Maures et Bambaras.

Zone agro-pastorale, le transport et le commerce se développent alors que l’artisanat et le tourisme restent timides.

Faire de Nara une ville d‘attraction

Malgré ses énormes potentialités, Nara, pour diverses raisons, tarde à amorcer un véritable développement socio-économique.

Pour le préfet du cercle, Moussa Hamèye Maïga, « le développement du cercle est bloqué à cause de certaines contraintes liées à la non maîtrise de l’eau, l’enclavement, la faible couverture sanitaire, le manque de débouchés et d’infrastructures pour les produits artisanaux, le cercle de Nara connaîtra un essor dès que ces problèmes seront solutionnés« .

Le maire de la ville, Bakari Massouba ajoute à ces contraintes, les aléas climatiques, la méconnaissance et l’absence de mise en valeur des sites touristiques, les difficultés d’accès. Zone d’immigration, l’apport des ressortissants dans le processus de développement est peu visible.

Autre contrainte reconnue aujourd’hui par tous les Narois comme contrainte majeure au développement ce sont les clivages politiques et autres divergences sociales qui empêchent l’union autour de l’idéal de développement.

Or, dans un contexte de décentralisation, il faut impérativement que toutes les composantes de la collectivité se donnent la main pour amorcer le développement.

Une forte délégation de la commune pilote de Dougou Wolofila lauréate du premier prix du concours entre les communes, conduite par l’honorable Hamadaou Sylla, a fait cas de son expérience de solidarité et d’union pour le développement local. C’est pourquoi, elle a interpellé les populations, responsables et ressortissants de Nara sur leur responsabilité.

Le festival ne pouvait alors qu’être la bienvenue comme un cadre de concertation, d’entente entre les acteurs qui ont partagé cette valeur commune, qu’est la riche culture du Ouagadou.

Comme l’a martelé le maire Magassouba, « le festival est un rendez-vous avec l’histoire, un retour au bercail, à la source pour s’inspirer de la riche tradition de l’Afrique noire« .

Le ministre de l’artisanat et du tourisme, N’Diaye Ba dont le département a pour vocation d’initier et de soutenir toute action pouvant conduire au brassage des cultures et susciter par la même occasion le développement, ne pouvait alors que se réjouir de la retrouvaille.

Certes, reconnaît-il, Nara de part sa desserte routière ne figure pas sur la carte touristique du Mali, mais le projet de construction de routes initié par le gouvernement doit assurer au cercle une plus grande ouverture.

« Nous sommes persuadés qu’avec les effets combinés du désenclavement et l’organisation d’évènement du genre comme le festival de Ouagadou nous arriverons très bientôt à faire de ce cercle un pôle d’attraction pour les visiteurs maliens et étrangers. Nara est une ville au passé riche et prestigieuse qui dispose des mêmes atouts que Tombouctou et Djenné qui sont aujourd’hui des pôles touristiques » expliquera le ministre N’Diaya Ba.

Si le gouvernement s’attele à la réalisation des routes, le ministre a interpellé les populations et les ressortissants à investir dans leur localité pour créer les commodités d’accueil et de séjour des touristes.

Très ému par les différentes interventions, le vice président de l’ADECNA, Matènè Kéïta s’est contenté de remercier tous ceux qui ont contribué à la réussite de la fête notamment la présidence de la République, la Fondation pour l’enfance, l’Assemblée nationale, le gouvernement et les sponsors privés.

Youssouf Camara envoyé spécial de l’Indépendant

03 mai 2006.