Trois syndicats des enseignements primaire et secondaire (Fen, Coses, Fenarec) entament une grève de 72 heures, ce 16 mars 2010. Le même mot d’ordre de grève pour la même date est dans l’agenda du syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup). Par ailleurs, le Snesup menace de transformer cette grève de 72 heures en grève illimitée à partir du 19 mars, si le gouvernement ne donne pas satisfaction à leurs doléances.
«Il n’y a pas eu d’accord entre les syndicats et le gouvernement, donc la grève est imminente.» C’est ce qu’a assuré le secrétaire général de la Fédération de l’éducation nationale, Soumana Kalapo. La Fen est membre d’un collectif de Syndicats qui a déposé le 2 mars un préavis de grève. Ce collectif comprend aussi la coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (Coses) et la fédération de l’éducation nationale, des arts, de la recherche, des sports et de la culture (Fenarec).
A cet effet, la grève concerne les niveaux d’enseignement primaire et secondaire public, l’enseignement catholique et l’enseignement privé communautaire. Kalapo s’est confié à nous en indiquant que le syndicat va évaluer ces trois jours de grève par rapport aux sollicitations des militants à l’occasion d’un meeting : la grève illimitée et le boycott des examens. «Rien n’est à exclure», a-t-il dit.
Les enseignants crient à de mauvaises conditions de vie et de travail. Le 14 juillet 2009, le gouvernement et les syndicats ont signé un protocole d’accord. Ces derniers constatent un mutisme des autorités dans l’exécution des points contenus dans cet accord.
Six des revendications sont au centre de cette tension entre les enseignants et le gouvernement. Il s’agit de l’ouverture des négociations sur les taux de l’indemnité de logement, l’intégration des enseignants contractuels à la fonction publique de l’État, la relecture du décret fixant la composition, l’organisation et les modalités de fonctionnement du conseil supérieur de l’éducation, le respect de la liberté syndicale dans le secteur de l’enseignement privé malien, la relecture du décret portant statut particulier du personnel enseignant de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale ainsi que l’application immédiate des cadres organiques des directions des académies d’enseignements et des centres d’animation pédagogique.
Les syndicats ont eu des négociations avec le gouvernement, le 10 mars, mais ces négociations n’ont pu fléchir la position des syndicats.
Au niveau de l’enseignement supérieur également une grève de 72 heures est lancée, ce 16 mars, par le Snesup. Les enseignants avertissement que l’insatisfaction de leur doléances au sortir de cette échéance les conduira à une grève illimitée, le 19 mars.
Ceux-ci réclament l’alignement de leurs salaires sur ceux de leurs homologues de l’Uemoa, la mise en place de la hiérarchisation applicable au système Licence-Master-Doctorat (assistant, maître de conférence, professeur), l’augmentation du taux de l’heure supplémentaire à l’enseignement supérieur et l’intégration des travailleurs contractuels de l’enseignement supérieur à la fonction publique de l’État. «Les trois premiers points sont des conditions de mise en œuvre du système LMD (Licence-Master-Doctorat) et le quatrième point est l’émanation du forum national sur l’éducation», se justifient les syndicalistes.
Dans un protocole d’accord en date du 8 janvier, le gouvernement et le syndicat étaient convenus de se rencontrer le 22 février pour l’élaboration des documents afférents aux trois premiers points de revendication.
En ce qui concerne le quatrième point, il a été convenu que les contractuels de catégories A, B et C recrutés par un acte du ministre du travail sont concernés par une intégration à la fonction publique. Contre toute attente, la partie gouvernementale a fait faux bond à la rencontre du 22 février. Ce qui a amené les enseignants à constater une volonté de diversion de la part des autorités.
C’est donc une position extrême que les enseignants ont adoptée pour la résolution de leurs doléances.
Seydou Coulibaly
16 Mars 2010.