2009 aura été une année difficile pour les populations et les Etats de l’Union économique et monétaire ouest africaine, frappés par les phénomènes de crise alimentaire, crise énergétique, hausse des prix des produits de grande consommation et des hydrocarbures, entre autres. Le constat a été fait par le président de la République, Amadou Toumani Touré, président de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA à l’ouverture de la 14è session ordinaire de cette instance tenue samedi dernier au CICB de Bamako.
A l’issue des travaux, les chefs d’État ont condamné le coup de force intervenu au Niger et appelé à un prompt rétablissement de l’ordre constitutionnel dans cet État membre de l’Union. Ils ont renouvelé leur confiance au président Touré pour un second mandat consécutif et choisi Bamako pour accueillir la 15è session ordinaire, en 2011.
Cinq chefs d’Etat, en plus du président Amadou Toumani Touré, ont pris part à la 14ème session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA que notre capitale a abrité le 20 février. Il s’agit de Thomas Boni Yayi du Bénin, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Malam Bacaï Sanha de la Guinée Bissau, Abdoulaye Wade du Sénégal et Faure Essozimna Gnassingbé du Togo.
Le président Laurent Koudou Gbagbo était représenté par son ministre d’État, ministre du plan et du développement, Bohoun Bouabré. Une délégation du Niger conduite par le N°2 du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, le colonel Djibrilla Hima Hamidou dit Pelé était présente à Bamako pour faire, aux chefs d’État de l’Union, les raisons du renversement intervenu au Niger et le point de la situation actuelle.
900 milliards d’apurement des arriérés
Au cours de la cérémonie d’ouverture, le président en exercice de la conférence des chefs d’État de l’UEMOA a dépeint la situation d’ensemble au sein de l’Union et les perspectives d’avenir de cet espace.
Mais auparavant, c’est le président du conseil des ministres de l’UEMOA, José Mario Vaz de Guinée Bissau qui a fait l’analyse de la situation économique et financière de l’Espace, en 2009. Le taux de croissance de l’Union a chuté de 3,8% en 2008 à 3% en 2009. Cependant, le taux d’inflation moyen était de 1,1% contre 7,4% en 2008.
Les économies de l’Union, selon Mario Vaz, ont mieux résisté que la moyenne des pays subsahariens dont la croissance tournait autour de 1% en 2009. Des financements de près de 900 milliards ont été identifiés afin d’assurer l’apurement des arriérés de paiement intérieurs qui s’élèvent à 1 400 milliards.
En outre, l’Union a créé un Fonds de Développement Énergie doté de 500 milliards de FCFA ; et huit projets agricoles ont été financés à hauteur de 60 milliards de FCFA.
Enfin, Mario Vaz annonce des prévisions de croissance économique de 4% en 2010.
Irina Bokova, nouvelle directrice générale de l’UNESCO, s’est dit honorée d’avoir été invitée à cette 14è session ordinaire par les chefs d’État de l’UEMOA. « C’est à la fois une chance et un privilège pour moi », a dit la Bulgare qui est à sa première visite en Afrique subsaharienne depuis son élection à la tête de l’UNESCO. Elle a révélé que son action s’inscrira dans les domaines de l’enseignement, de la recherche, des NTIC, des innovations et inventions technologiques, et surtout de la culture.
A propos de la culture, Irina Bokova entend défendre la corrélation Culture et Développement devant les Nations unies en septembre prochain, pour protester le fait que la culture ne figure pas dans les Objectifs du millénaire pour le développement.
Une année difficile
Le président en exercice de la conférence des chefs d’État de l’UEMOA, s’est réjoui des progrès réalisés par l’Union dans tous les domaines. Mais, selon Amadou Toumani Touré, l’heure n’est point au bilan, mais de se concentrer sur les nouveaux défis à relever, afin que l’UEMOA poursuive sa marche en avant et continue d’inspirer d’autres initiatives en matière d’intégration sur notre continent.
« L’environnement économique et politique international constitue un facteur déterminant des politiques, projets et programmes que nous mettons en œuvre », a laissé entendre ATT.
Pour qui, 2009 a été une année difficile pour les Etats de l’Union certes épargnés par la crise financière, mais affectés par la crise économique. Parmi les maux, il cite la demande mondiale des produits que nous exportons qui a reculé ; les cours internationaux qui se sont repliés à l’exception notable de l’or et du cacao ; les transferts de fonds des travailleurs émigrés qui ont baissé ; et les crises alimentaire et énergétique, avec une hausse vertigineuse des prix des produits de grande consommation et des hydrocarbures, qui ont davantage éprouvé le pouvoir d’achat des ménages et nos économies. En outre, les subventions et exonérations fiscales mises en place pour atténuer leurs effets ont rompu les fragiles équilibres des finances publiques des Etats, conduisant à l’accumulation d’arriérés de paiements.
Dans ce contexte, ATT propose que les énergies soient davantage mobilisées sur la sécurité alimentaire qui est un des objectifs majeurs des stratégies nationales de développement et de des politiques communautaires.
S’agissant de la crise énergétique, des avancées significatives ont été enregistrées en 2009, révèle le président Touré, qui dicte comme preuve les financements importants engagés pour la mise en œuvre de la Stratégie régionale en matière d’énergie.
Le temps des changements
Le président Amadou Toumani Touré se dit convaincu que l’intégration économique régionale est une construction permanente.
« Plus fondamentalement, nous avons achevé les diligences devant conduire à une profonde rénovation de notre édifice monétaire et financier.
Les textes de la réforme institutionnelle de l’UMOA et de la BCEAO, à savoir le Traité de l’UMOA et ses annexes ainsi que la Convention régissant la Commission Bancaire de l’UMOA, ont été ratifiés par tous les Etats de l’Union. Il reste pour certains Pays à transmettre aux autorités sénégalaises les instruments de ratification, afin de rendre possible la promulgation des nouveaux textes », fait savoir ATT.
Qui informe que l’année a été mise à profit par la Banque centrale pour élaborer les textes d’application de la réforme. D’où sa conviction que « le temps est venu de ce changement tant attendu ».
Le président en exercice de la conférence des chefs d’État a ensuite mesuré tout le secours qu’apporte aux Etats l’intégration des économies. C’est pourquoi, il convient de s’attacher plus fermement à son achèvement. « A cet égard, nous devons définir des politiques qui permettront d’assurer que, cette fois-ci, la convergence sera effective, que le marché sera libre et unifié et qu’au bout du chemin, nous réaliserons la promesse de développement sur laquelle nous nous sommes engagés vis-à-vis de nos Populations », a dit le président ATT.
Qui cite, à cet effet, entre autres priorités de l’Union: garantir effectivement la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux et le droit d’établissement ; assurer le redressement durable des finances publiques des Etats ; rendre davantage effectives les politiques sectorielles ; mettre en place un mécanisme communautaire d’intervention d’urgence en cas de cataclysme ; et rendre davantage visibles l’Union et les politiques sectorielles.
Bâtir un espace politique
Le grand dessein dans l’édification de l’UEMOA va au-delà de la seule économie, selon le président Touré. Pour qui, l’ambition, c’est aussi de bâtir un espace politique avec pour socle la démocratie, la paix et la stabilité.
Dans ce sens, il se félicite des progrès accomplis depuis la 13è Conférence au sommet de Ouagadougou, en mars 2009. Il s’est réjoui, après les événements douloureux que la Guinée-Bissau a connus, des élections qui ont porté à la tête du pays Malam Bacaï Sanha.
Le président en exercice de la conférence des chefs d’État de l’UEMOA a également salué le président Blaise Compaoré, pour ses efforts remarquables de médiation en Côte d’Ivoire, au Togo et en Guinée, tout en lui réaffirmant la disponibilité totale et le soutien sans réserve de tous les chefs d’État et de gouvernement de l’Union dans sa mission.
« L’ambition, hier comme aujourd’hui, est de construire un espace de solidarité pour un progrès partagé. La route est encore longue ; mais à l’épreuve du temps et des réalités, nous avons tous acquis la conviction que ce projet est à la fois réalisable et indispensable, pour offrir de meilleures perspectives aux générations futures », a conclu le président Amadou Toumani Touré.
Un communiqué final a sanctionné le sommet de Bamako (voir l’intégralité en page 5) qui a vu les chefs d’État de l’UEMOA reconduire le président malien à la tête de la conférence des chefs d’État et de gouvernement pour un deuxième mandat.
Sékou Tamboura
22 Février 2010.