Partager

Située à 280 km au nord de Bamako, la cité ouvrière de Markala a vibré durant trois jours au son des balafons, tam-tam, n’goni et bara, des instruments annonciateurs de bonheur et de joie dans la contrée.

Une trentaine de troupes nationales et internationales ont pris part à ce festival qualifié de grandiose par le ministre de la Culture. En effet, ils sont venus d’un peu partout : de Ségou au Dionkala en passant par le Kala et le Diédougou.

Des hommes et des femmes, attachés à leur culture, ont exprimé de façon éloquente à travers chants et danses des masques et des marionnettes leur ras-le-bol des mutilations génitales féminines en générale, de l’excision en particulier.

A ces groupes artistiques de renommée nationale il faut ajouter des troupes guinéenne, ivoirienne burkinabé et béninoise qui ont tenu à marquer d’un sceau particulier cette édition.

Les chasseurs de Ségou communément appelés les « donsos », les masques de Kirango, les marionnettes de Katiéna, le bara de Kirango et Diambarabougou, les danseurs de Sibila, les tiébilinkés de Faladié, les échassiers du Bénin, les danseurs du Milo africain, les acrobates du Faso et plusieurs autres groupes artistiques ont démontré plusieurs autres facettes de notre riche patrimoine culturel.

Pour le ministre Cheick Oumar Sissoko, le Fesmamas, qui dépasse les frontières du Mali, ne peut survivre que lorsque toute la population de Markala s’implique dans son organisation. « Je souhaite qu’entre deux éditions du Fesmamas, le Club de Markala organise dans d’autres localités une exposition des masques et marionnettes », a-t-il suggéré tout en assurant le Club de Markala de la disponibilité de son département dans l’accompagnement de l’initiative.

Cri de cœur

Pour le président du Club de Markala, le Pr. Abdou Traoré dit Diop, depuis 14 ans, le Club, à travers l’organisation régulière du Fesmamas, participe au rayonnement culturel et touristique du Mali. « Il s’agit pour nous d’apporter une réponse appropriée au constat de perte de valeur dont nos sociétés souffrent, de conférer une lisibilité et une audience plus grandes de la tradition des masques et marionnettes qui constituent l’un des aspects les plus authentiques du monde bambara et produire des spectacles de qualité afin d’insuffler une nouvelle dynamique aux potentialités touristiques de Markala ».

Il a invité les autorités au plus haut niveau à aider Markala pour la pérennisation de ce rendez-vous du donner et du recevoir. Partageant l’avis du Pr Diop, le ministre Sissoko a souhaité dans les semaines à venir un cadre de concertation pour mieux étudier la question. « Je pense que déjà au mois d’avril, nous pourrons nous concerter pour exploiter les voies et moyens afin de trouver des sources de financement pour les éditions à venir », a-il répondu.

En marge du spectacle, des colloques sur l’excision ont été animés. Plusieurs thèmes ont été abordés parmi lesquels : excision, tradition et islam en question, la situation de l’excision au Mali, ses conséquences, les approches, les stratégies de lutte contre le phénomène, les contraintes…

Le clou de l’événement a été le passage du roi du festival qui, au nom du Club de Markala, a remercié les participants, les partenaires notamment Plan-Mali et l’Unicef sans lesquels cette édition n’aurait pas eu lieu.

A la clôture, deux prix spéciaux ont été décernés : le prix de l’innovation enlevé par les Echassiers du Bénin et le prix de la meilleure interprétation du thème enlevé par le Milo africain.

Idrissa Sako
(envoyé spécial)

07 mars 2006.